Chasse et rencontres

Aux anges, la jeune vampire sourit à son compagnon et accôta sa tête contre l'épaule de ce dernier. De son ouïe ultra-sensible, elle entendit nettement un coeur battant au loin. Son sourire s'effaça, sa gorge lui brûla et ses muscles se tendirent. Profitant de cette petite brise de vent pour hûmer l'odeur de sa nouvelle proie, elle se retourna vers le jeune homme à ses côtés.

Il est vrai qu'elle était venu dans la forêt pour se nourrir, et que sa chasse avait été interrompu par le doux chant mélodieux de Khalixt. Elle sauta en bas de l'arbre, et se mit à courir pour rejoindre sa proie, avant qu'elle ne s'enfuit.

- Viens, murmura-t-elle au grand brun.

Il était hors de question qu'elle le laisse seul sur cet arbre, ou qu'il s'en aille. Elle ne supporterait pas cette absence bien longtemps, mais un jour, elle devra s'y habituer. Le lycée, la vie privée. Il avait une vie, lui aussi. Elle n'avait pas pensée à ça, peut-être avait-il autre chose à faire que de passer son temps avec elle. Elle souffla un coup, et se défoula sur ce pauvre chevreuil. C'est avec rage et détermination qu'elle acheva sa proie, qu'elle mit fin à cet animal. Elle planta ses crocs dans le coup de cette bête et commença à la vider de son sang. Lorsqu'elle eut terminée, elle releva la tête, et découvrit un Khalixt toujours aussi beau.

Elle était assise en tailleur par terre, lui debout devant elle. Elle s'essuya la bouche, nettoyant les petites gouttes de sang. Elle le regarda s'approcher et venir s'asseoir à côté d'elle, puis elle baissa la tête, regardant ce pauvre chevreuil.

- Je n'aime pas avoir à les tuer, mais j'en ai besoin... Sinon je craque dès qu'il y a un humain... Je... lâcha-t-elle, honteuse d'avoir eu à tuer un animal pour se nourrir.

Miraculeusement, en voyant le sourire étincellent du jeune homme, cette petite peur au fond d'elle s'échappa aussitôt de la tête de la jeune vampire, et elle lui sourit. Puis, lorsqu'il avança sa tête vers son cou, et qu'il y déposa doucement ses dents contre elle, son souffle s'accélera. Bien qu'il lui était inutile de respirer. Elle leva la tête au ciel, ferma les yeux et apprécia ce léger contact. Lorsqu'il se retira, elle l'observait, un sourire en coin. Elle se déplaça, venant se poster derrière lui et déposa ses fines mains sur les épaules de Khalixt, avant de ne faire ballader ses mains sur le torse du beau brun.

- Et... Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? souffla-t-elle au creux de l'oreille du jeune homme, alors qu'elle hûmait son parfum dans son cou.

Il fallait se l'avouer, cet être ne la laissait pas indifférente. Elle déposa un petit baiser dans le cou de Khalixt, et souria bêtement dans le vide. Elle était heureuse.

En peu de temps elle fut projetté par terre, collée à son compagnon. Elle l'embrassa, avec autant de fougue et d'amour que le jeune homme. Elle aurait aimé que ce moment dure plus longtemps, mais hélas, Khalixt se reprit et lui demanda ce qu'elle avait envie de faire. Elle prit quelques instants avant que son cerveau ne se remette en marche. Puis, d'un sourire étincellent, elle lui répondit.

- Eh bien... Y'a un truc que j'aimerais faire, mais que je n'ai pas l'âge, et donc que je ne l'aurai jamais...

Elle envoya un petit regard suppliant à Khalixt, souhaitant qu'il accepte sa proposition. Voyant que celui-ci doutait, même si la jeune vampire n'avait toujours pas prononcé clairement ce qu'elle voulait, elle se lança.

- J'aimerais apprendre à conduire... Je t'en supplie ! Tu es le seul qui peut m'offrir cette chance, comme je te l'ai dit, jai pas l'âge, et je l'aurai jamais ! s'exclama-t-elle alors, lui donnant des raisons pour qu'il accepte.

Elle le fixait longuement dans les yeux, le suppliant d'un sourire où on voyait toutes ses dents, et d'un regard lumineux.

Elle embarqua, timidement mais déterminée. C'était la première fois qu'elle montait du côté conducteur, et cette sensation lui proccurait une étrange pression. Elle tremblait légèrement, de peur de faire quelque chose de mauvais et de risquer leur vie, si on peut dire ça comme ça.

- Heu... Je crois que je peux me débrouiller, bredouilla-t-elle. Au pire aller, tu devras me crier dessus parce que je n'aurai pas compris, lâcha-t-elle nerveusement.

Saisissant les clés, l'adrénaline lui monta à la tête. Des perles de sueur auraient pu couler sur ses tempes, mais non. La petite brune ne laissait rien parraître. Elle se mordit la lèvre inférieur, hésitant longuement avant de ne céder. Elle s'attacha, au cas où. En se raclant la gorge, comme si elle s'apprêtait à faire un exposé oral, elle mit le contact. Un long frisson lui parcourut l'échine, et elle se retourna vers Khalixt, souriante.

- Si jamais il nous arrivait quelque chose, saches que je t'aime par dessus tout et que je ferais n'importe quoi pour toi, lâcha-t-elle en un souffle.

Son ton était nerveux, et elle redoutait par dessus tout qu'un accident surgisse.

Au bout de quelques minutes de panique totale, bien que le conseil du jeune homme de se détendre l'avait aidé, elle commença à se sentir mieux, beaucoup mieux. Quelque chose lui passa par la tête, au moment où elle prenait de l'assurance.

- J'espère que tu n'étais pas pressé de rentrer chez toi, parce que... J'ai envie d'aller sur l'autoroute, avoua-t-elle, alors qu'elle changeait de vitesse et accelérait.

Ne laissant aucun choix à Khalixt, elle s'engagea sur un tounant, appuya sur l'accélerateur. Sourire en coin, elle s'assura que personnes ne pourraient les voir. Après que cela fut fait, elle demanda à sa douce moitié de metre de la musique. Elle ouvrit la fenêtre et passa un bras à l'extérieur, coupant le vent. La route était plate, il n'y avait personne sur son chemin. La jeune fille n'avait plus peur, elle appuya de nouveau sur l'accéleratur, confiante. Le vent soufflait sur son visage, la musique venait s'abattre contre ses tympans et l'inactivité de son passager attira son attention. Elle se retourna vers le grand brun qui la fixait intensément. Elle lui sourit, amoureusement.

- Merci... dit-elle tout simplement.

N'ayant pas planifié de destination précise, elle lui sourit.

- Première étoile à droite, et tout droit jusqu'au matin, souffla-t-elle.

Laissant place au silence, elle roulait ave un immense sourire béat sur le visage. Cette sensation de vitesse et de libertée lui faisait un bien fou. Elle échappa un petit rire, alors qu'elle dépassait une autre voiture qui roulait déjà à cent kilomètres heure. Heureusement pour elle, les vitres étaient un peu teinté, l'autres conducteur n'aurait pas pu la voir. La jeune vampire ne connaissait aucunement les environs, elle se promenait comme bon lui semblait.

Alors qu'elle posa son regard sur une petite route qui menait dans une quelconque autre ville, elle s'y engagea.

- Je veux aller là ! s'exclama-t-elle, bien plus qu'heureuse.

Comme c'était elle qui était au volant, Khalixt n'avait pas vraiment de contrôle sur la destination. La jeune fille ralentit tranquillement, ne voulant tout de même pas attirer l'attention des autres conducteurs.

Elle lui sourit de toutes ses dents, lui faisant ainsi comprendre que c'était tout aussi réciproque. Bien qu'elle venait de découvrire un nouveau passe-temps qu'elle adorait déjà, elle savait qu'un jour elle devrait stopper cette voiture. Elle aurait pu continuer toute la nuit, de rouler jusqu'à l'autre bout du monde, mais à une certaine limite, il y aurait eu des douanes, et c'était plutôt risquer pour elle, mais surtout pour cet être cher qui était toujours à ses côtés.

L'automobile dans laquelle se trouvaient Frankie et Khalixt roulait plus doucement maintenant, et la conductrice se décida à parker la voiture quelque part. Le premier grand stationnement du village qu'elle put trouver était celui d'un hôtel. Étonnament, elle n'eut aucune difficulter à stationner l'engin entre les deux lignes blanches. Elle avait fait cela comme si c'était quelque chose de naturel chez elle, comme si elle avait toujours fait ça. Elle se détacha et se retourna vers le grand brun assis à côté d'elle. Elle l'observait dans les yeux et prit la parole la première.

- Je crois que c'était probablement l'un des meilleurs moments de toute mon existence, le meilleur étant notre rencontre, annonça-t-elle, d'un ton enjouée.

En le quittant du regard, elle lança un regard à l'écritaux géant du petit hôtel. Avant de se décider à sortir de la voiture, elle se regarda dans la glace - comme si elle en avait eu besoin. Elle alla s'asseoir sur le pare-choque, attendant que son amoureux ne la rejoigne.

Elle appuya sa tête contre l'épaule du grand brun, tout en souriant. La sensation avait été géniale, envoûtante, voir magique. La remarque de Khalixt la laissa de marbre, mais en reconnaissant ce ton ironique, elle se détendit aussitôt. Elle leva la tête, observant les flocons tomber du ciel. Comme une humaine, elle tira la langue et essaya d'en attraper un dessus, afin de voir si ça avait un quelconque goût. Apparemment non, il n'avait fait que fondre aussitôt qu'il eut touché le bout de ses papilles gustatives.

En réalisant que le jeune homme la regardait d'un air enjoué, elle cessa. Elle regarda tout autour d'elle, regardant les environs. Elle se redressa, prit la main du beau brun et l'entraîna vers l'intérieur. Elle s'approcha du comptoir de la réceptionniste et fit semblant de parraître innocente.

- Bonjour madame... Heu, excusez-moi. Nous nous sommes égarés sur la route, et il se fait tard. Nous aimerions prendre une chambre, lui dit-elle, d'une petite voix.

La vieille dame lui répondit gentillement et lui tendit un papier à signer et les clefs de leur chambre d'hôtel. Chambre numéro 26, deuxième étage. Alors que Khalixt restait silencieux, Frankie l'entraîna avec elle au deuxième. Elle ouvrit précipitemment la porte et courru s'écraser sur le lit. Il y avait trop longtemps qu'elle ne s'était pas couché sur un matelas moelleux et confortable. Elle sentit son homme s'approcher et venir se coucher auprès d'elle. Elle se roula sur le côté et se colla à lui.

Elle se redressa, perplexe. En observant le tissus du couvre-lit, en retraçant ses motifs dans sa tête, la jeune fille se dit qu'il avait probablement raison. Soit ils avaient payé pour rien, soit c'était le bordel dans cette pièce. Quel horrible choix. Mais après tout, il était là. C'était tout ce qui comptait. Elle releva la tête vers le miroir. S'attendant à ne rien voir du tout, elle s'étonna à voir son reflet, et celui de Khalixt. Elle se leva précipitemment, trop vite pour des yeux humains, mais il n'y en avait pas, alors aucune crainte. Le temps de dire papier, elle était déjà devant la glace, se fixant longuement. La bouche entre-ouverte, la tête penchée sur le côté, elle se regardait.

- J'ignorais qu'on puisse se voir là-dedans... murmura-t-elle, comme si elle venait de faire une nouvelle découverte.

Elle aurait pu admirer son reflet toute la nuit, si des mains ne s'étaient pas posées sur sa taille, la sortant ainsi de ses pensées.

Elle souffla un coup, tout en souriant. C'était vrai que c'était quelque chose de magique, d'en apprendre un peu plus sur eux, de jour en jour. Du bout des doigts, elle flatta son reflet, hésitante. Comme s'il allait s'évaporer une fois qu'elle y aurait touché. Mais non. Son elle-même numéro deux était bel et bien opaque. Et la glace était solide, elle ne risquerait pas de se briser... Si rien ne se passait.

Ayant pris conscience que son petit ami la regardait, elle le fixa à son tour dans le mirroir. Mais seulement de face, puisqu'il était un peu derrière elle. Elle posa son regard sur le sien, toujours dans la glaçe, puis lui sourit. Il était dorénavant tout ce qu'elle avait de plus précieux. Ça passait avant tous ces disques et tous ses vêtements. Il était quelque chose d'unique que personne d'autre ne pourrait avoir, normalement.

- Alors que fait-on, si on ne peut pas le faire ?

La jeune fille fut surprise par la proposition de son bien aimé. Elle le suivit, se demanda où il pourrait bien l'emmener. Diner ? N'étaient-ils pas seulement attirés par le sang, ou pouvaient-ils aussi avaler autre chose que ce liquide rouge opaque. Elle était plongée dans ses réflexions et se permit de poser une question à Khalixt.

- Si seulement monsieur pouvait me dire où il souhaite m'emmener, je serais ravie de savoir, souffla-t-elle d'une voix voulue des plus nobles possible.

Elle eut un petit rire amusé, puis se rapprocha du corps parfait du grand brun, en passant son bras autour de son bassin. Elle se demandait réellement où il voulait bien l'emmener, et attendait toujours une réponse.

Déçue et excitée à l'idée d'où il pouvait bien l'emmener, elle sautillait presque. D'une humeur ultra joviale, elle se colla d'autant plus au jeune homme et suivait chacun de ses mouvements. Tout se passait tellement bien. Alors qu'ils marchaient côtes à côtes, elle s'arrêta. Une odeur. Une délicieuse odeur humaine parvenait subitement à son nez. Elle renifla, tentant de trouver d'où elle venait.

Au moment où elle croyait savoir d'où provenait ce parfum exquis, la main de Khalixt se reserra un peu plus autour de la taille de Frankie, qui sortit complètement de sa bulle. Elle lui jetta un regard quelque peu désorienté, avant de comprendre ce qu'elle s'apprêtait à faire. Timidement, elle baissa la tête.

- J'ai encore un peu de difficulté à me retenir, hein... ? lui demanda-t-elle sur un ton qui sonnait plus comme une affirmation qu'un question.

Elle soupira, d'être encore toute jeune, contrairement à lui, contrairement à ses centaines d'années d'expériences.

Complètement ébahie par les lieux, elle entrouvrit la bouche et laissa échapper un petit soupir surpris. Tout était si merveilleux, parfait. Cette fine couche de neige qui était fraîchement tombée du ciel recouvrait le paysage d'une façon paradisiaque. Et les paroles du jeune homme ne faisait qu'embellir ce moment.

C'est trop, pensait-elle. Il veut que je meurs d'une crise cardiaque ?

Grâce à ses nombreux efforts pour ne pas devenir complètement gaga, elle lui sourit et se mit sur la pointe des pieds. Réduisant le peu de distance qui les séparait, elle déposa ses lèvres sur celles du grand brun, en passant ses bras autour de son cou.

- Moi aussi, répondit-elle entre deux baisers.

Elle sentait ses joues virer au cramoisie, et son coeur faire dix millions de bonds contre sa poitrine. Elle était dingue. Dingue de ce type qui était sien. Éternellement.