Au volant de sa voiture mauve [Khalixt&Frankie]

La question du jeune homme la laissa de marbre. En effet, à quoi s'attendait-elle ? Elle n'en avait aucune idée, n'ayant jamais mis les pieds chez quelqu'un d'autre que son ancien meilleur ami. Encore là, c'était vague pour la jeune vampire, qui, plus elle passait du temps en compagnie de Khalixt, plus elle ouliait sa vie humaine. Elle se retourna vers lui, excitée.

- Pour être franche... Je n'en ai absolument aucune idée ! souria-t-elle. Je ne suis jamais rentrée chez quelqu'un.

Elle se reposta confortablement sur le siège et observait par la vitre le paysage défiller à toute vitesse. Elle sourit, inlassablement. Elle se demandait toutefois s'il y aurait d'autre monde chez lui, ou s'ils se retrouveraient seuls.

- Au fait, tu habites avec d'autres personnes où tu es plutôt comme moi... seul ?

Ils roulèrent quelques minutes en silence avant d'arriver devant une lourde porte en fer forgé magnifique, d'où partaient quelques ronces. Khalixt sortit du véhicule, ouvrit le magestueux portail et avança l'auto pour ensuite redescendre et refermer la chose.

- Je vis avec Cyriella, ma mère adoptive ou plutôt celle qui m'a donné la... vie.

De l'extérieur, on pouvait voir des milliers d'arbres et ainsi, sa voiture passait déjà inaperçue. Au bout de quelques secondes, il relentit et ils s'approchèrent d'une vieille bâtisse restaurée comme neuve. Ni tape-à-l'oeil ni en ruine, la maison donnait un aspect modeste au mode de vie de Khalixt et de sa mère. Il se gara sous un saule pleureur qui dissimula presque entièrement la voiture mauve et invita Frankie à en sortir. Une fois tous deux à l'extérieur, il lui prit la main et la tira délicatement vers l'entrée de la maison. A une allure surhumaine, ils entrèrent et se retrouvèrent nez à nez avec une vampire aux yeux topaze qui souriait à Frankie et Khalixt. Ce dernier parla en premier.

- Bonjour, dit-il en sachant pertinemment qu'elle les avait entendu arriver. Je te présente Frankie, ma... petite amie.

Tout en disant ces mots, il tourna son regard vers l'élue de son coeur et rit intérieurement en repensant à l'endroit de leur rencontre.

- Frankie, voici Cyriella, ma mère.

A présent, le tableau était parfait. Il était en présence des deux personnes qui comptaient le plus pour lui, bien qu'il les aimait d'un amour tout à fait différent.

À l'entente du mot petite amie sortir de la bouche du jeune homme, Frankie eut l'impression de rougir. Ele tentait de se cacher discrètement derrière son copain, comme si elle craignait que Cyriella ne la mange. Prenant son courage à deux mains, elle salua la mère adoptive du beau brun.

- Heu... Bonjour, souffla-t-elle.

Elle leva les yeux vers Khalixt, mal à l'aise. La femme avait l'air sympathique, mais cette pauvre Frankie n'avait guère l'habitude de rencontrer beaucoup de gens et il lui était d'autant plus stressant qu'elle fut une adulte. La jeune vampire serra un peu plus fort la main du jeune homme.

- Tu me fais visiter, s'il te plait ? murmura-t-elle d'une petite voix à l'intention de Khalixt.

Khalixt sentit la pression de la main de Frankie et son regard lui renvoya l'image qu'il s'était faite. Sa mère murmura un "bonjour, enchantée" confus et ils s'eclipsèrent à l'autre bout de la maison. Il entreprit d'ouvrir la première porte qui grinça sous l'effort de la rouille.

- La cave qui n'est pas cave. Mais certaines bouteilles sont... très vieilles.

Il la tira doucement par la main vers l'autre coin de la pièce où le mur jaunit par l'usure du temps était légèrement fiscelé. Au sol, on pouvait voir une trappe confondue avec les dalles blanches. Il en tira une corde dissimulée elle aussi et l'ouvrit d'un simple geste. Il lui fit signe d'entrer la première et ils se retrouvèrent à l'extérieur en quelques mouvements et deux escaliers. Ils firent ensuite le tour du bâtiment et entrèrent par une porte en bois qui menait à un escalier en bois lui aussi, mettant par son matériau en valeur les mur en pierre où étaient accroché tout plein de découvertes maritimes de Cyriella.

- Avant de me... trouver, en quelques sortes, Cyriella passait son temps à explorer les profondeurs sous marines, expliqua-t-il au regard inquisiteur de Frankie. Voilà une machoire entière d'un trèèèès vieux requin, dit-il en montrant une boîte transparente en verre qui trônait au milieu du hall.

Il l'attira vers lui et la prit par la taille. Ainsi, ils montèrent l'escalier en bois qui grinça légèrement, et arrivèrent dans un espace ouvert sur l'extérieur. En fait, l'endroit était totalement recouvert de vitres qui laissaient le jour passer et les arbres d'un côté faisaient une ombre parfaite pour les jours d'été où le soleil s'en donnait un peu trop à coeur joie.

- Le salon, dit-il en faisant tourner un plateau en bois peint de noir où apparut une télévision haute définition et toute une panoplie de technologie nouvelle. Cyriella aime être équipée de ces engins qui m'insupportent. Elle les cache par respect pour moi. Il sourit et tourna le plateau à nouveau de manière à faire disparaître les choses en question.

Dix mètres plus loin, il désigna une porte...

- La chambre de Cyriella.

...Et poursuivit son chemin jusqu'à une autre porte. Après avoir montré les quatre ou cinq chambres d'invités et trois salles de bains, il montèrent encore un étage par un escalier en colimaçon façon fer forgé placé au milieu du salon et se retrouvèrent immédiatement dans l'antre de Khalixt. Au mur, on pouvait voir une collection de guitares et de photographies. Il vit Frankie s'arrêter pour les regarder attentivement tandis que Khalixt alla s'assoir sur une sorte de canapé et observa la jeune fille en souriant bêtement tellement elle était belle. Plus loin, il y avait un magnifique piano à queue en bois clair et naturel ainsi qu'une montagne de disques et de partitions. Au plafond, des drapeaux de pays du monde entier, et sur deux des quatre murs, des vitres donnant sur des arbres désordonnés et majestueux.

En faisant tout le tour de la maison, elle l'écoutait parler, en admirant chaques pièces. Elle esquissa un petit sourire lorsqu'il lui montra la trèèèès vieille mâchoire de requin. Cette bête devait être vieille, elle n'en doutait pas.

Rendus dans la chambre du jeune homme, lui partit s'asseoir sur son fauteuil, tandis que la jeune fille, émerveillée, observait les magnifiques guitares et photos du grand brun. Elle approcha sa main vers l'une d'elles, puis à quelques centimètres, voir un ou deux, elle se stoppa dans son élan, incertaine. Elle semblait vouloir lui toucher, la prendre entre ses mains, mais ne savait pas s'il accepterait. Au bout de quelques secondes d'hésitation, elle laissa tomber et s'approcha de Khalixt, toujours aussi souriante.

- Wow... souflla-t-elle, ne trouvant rien d'autre à lui dire. C'est.. Magnifique, tout comme toi.

Elle s'installa sur les genoux de son chéri, passant ses bras autour de son cou. Elle appuya son front contre celui de Khalixt et l'observa dans les yeux, un petit sourire en coin sur les lèvres.

Les photos au mur étaient toutes d'autres personnes, à part une, de son groupe. Quand son ange vint s'assoir sur ses genoux, sa poitrine faillit exploser de bonheur. Magnifique ? C'était plutôt elle.

- Je te rappelle gentilment que tu es la plus belle créature du monde, dit-il en souriant et en l'embrassant amoureusement l'instant d'après.

Il rouvrit les yeux et la regarda longuement. Il aurait pu y passer la journée, ça ne l'aurait pas dérangé. Il souriait toujours.

Après son baiser, elle lui souria, elle aussi.

- Une horrible créature, tu veux dire... rigola-t-elle.

Dans un sens, elle avait raison. Elle était un vrai danger public pour chaques humains. Préférant ne pas penser à ça, elle l'embrassa sur le front puis se leva délicatement, et alla se poster près du piano. Il était grand, majestueux. Elle s'installa sur le siège, observait avec attention chaque petit détail de l'immense instrument. Elle était attiré par ce piano comme s'il dégageait une petite berceuse à laquelle elle était attaché. Elle avait l'impression que c'était comme s'il l'appelait. Elle atrappa la première partition de musique qu'elle trouva, jetta un vif coup d'oeil aux notes et déposa la feuille sur le lutrin. Son pied nu effleura la pédale, ses mains se postèrent sur le clavier et ses yeux fixaient la feuille de notes.

Remarquant que des paroles accompagnaient l'air, sous les notes, elle se mit doucement à chanter, et à jouer.

- Back to the street where we began, Feeling as good as lovers can, you know, Now we're feeling so good...

Elle était complètement dans sa bulle lorsqu'elle faisait de la musique. Tellement dans sa bulle qu'elle ne vit même pas Khalixt s'approcher d'elle.

La voix angélique de Frankie s'abattit dans la pièce et n'importe quel être vivant aurait été émerveillé par ce chant. Il s'approcha doucement de la jeune fille et se plaça dans son dos, puis délicatement plaça ses deux mains sur ses épaules qu'il caressa tendrement de ses pouces. Les doigts magnifiques de son amoureuse pianotaient aisément sur le clavier étincelant qu'il prenait souvent plaisir à regarder. Il ferma les yeux et la musique pénétra son esprit comme la neige s'incruste dans les moindres recoins. Il se mit à chanter une deuxième voix inventée à l'instant, d'une voix grave qui tranchait avec celle de Frankie.

La musique était ainsi magnifique, et il en profita pour décrocher une guitare du mur et grattouilla légèrement, juste assez pour créer un nouveau son dans leur chanson. Tout au long de la chanson, il ne put quitter la jeune femme des yeux. Elle était au coeur du spectacle, le piano faisant partie des accessoires.

Lorsque les mains de Khalixt s'étaient posées sur les épaules de la jeune vampire, elle sursauta, mais continua tout de même à jouer. Elle entendit la voix du jeune homme l'accompagner, puis le son d'une guitare. Tout en continuant de jouer, sans même regarder ces partitions, elle tourna la tête vers cette magnifique créature qu'était son vampire d'amoureux. Elle lui envoya un petit sourire complice, un sourire heureux.

Ce petit spectacle dura encore quelques minutes, avant que la fin ne se fasse entendre. En pivotant sur le banc, elle se retourna vers lui, tout sourire. Ç'avait été pour elle un moment aussi magique que la citrouille qui se transforme en carosse dans Cendrillon pour les enfants. Avide de savoir, elle laissa aller sa curiosité.

- C'est toi qui l'ai composé ? demanda-t-elle, d'une voix douce.

Khalixt sourit et reposa la guitare noire sur le mur où un vide s'était fait à cet endroit.

- Non, mais tu dois sûrement connaître Panic! At the disco, un groupe très récent à Las Vegas, cette chanson fait partie de leur nouvel album, écouté il y a quelques temps par à peu près tous les adolescents humains.

Il sortit d'un tiroir caché sous son lit une pochette rouge cartonnée décorée de diverses photos du groupe en question, l'ouvrit, et entreprit de sortir et montrer à Frankie d'autres partitions et autre trouvailles, dont un ticket déchiré.

- En concert, ils sont nettement moins bons. En fait, le chanteur doit sûrement faire retoucher sa voix sur leurs CD. Ou bien il était malade le jour où j'ai été les voir.

Il étala les partitions sur le sol de sa chambre en désignant ses préférées. Frankie les observa alternativement et Khalixt vit ses yeux pétiller. Il sourit en la regardant arrondir ses yeux devant les papiers et dit :

- Nous avons ce point commun de nous émerveiller devant la musique. D'autres nous prendraient pour des fous s'ils nous voyaient à cet instant précis...

Ce nom lui disait vaguement quelque chose. Elle ne se souvenait pas totallement d'avoir écouté cette musique, même étant vampire. Elle sourit, lorsqu'il le vit sortir une pochette remplie de partitions. Normalement, elle aurait été trop absorbée par ces bouts de papier pour écouter Khalixt, mais là c'était différent. Elle était complètement émerveillée et écoutait ce que lui racontait le grand brun. Elle émit un petit rire lorsqu'il lui dit que les autres les prendraient probablement, sûrement pour des fous.

- Oui, je n'en doute même pas. Mais l'important, c'est que nous, nous soyont heureux, j'imagine.

Elle releva la tête vers lui et lui sourit tendrement. Elle était vraiment sur un petit nuage en compagnie de cette magnifique créature. Elle lui prit la main, entrelaça ses doigts aux siens et continuait de regarder les autres partitions. Elle tournait les feuilles de sa main libre, et était tout aussi émerveillée devant de simples chansons. Lorsqu'elle dégna enfin lever la tête des partitions de Khalixt, elle observait de nouveau les murs et la pièce en général. Puis, sans qu'elle ne puisse retenir sa langue, elle lâcha :

- Ce que j'aimerais vivre ici... soupira-t-elle.

Khalixt regardait attentivement les traits de Frankie et lui posa enfin une question qui le démangea trop cette fois pour se retenir.

- Mais... Où habites-tu exactement, demanda-t-il, tu m'as du tu vivais seule, mais... où ? Et comment ?

Il passa son pouce délicatement sous l'oeil droit de la jeune fille, caressant ses cernes noires habituelles et qui lui donnaient encore plus de charme. Il attendait sa réponse, tout en pensant que ça devait être assez triste de vivre sans compagnie aucune, même si l'on était une vampire. La remarque de Frankie l'avait amené à penser à quelque chose. *Et si cette maison n'abriterait plus deux mais trois vampires, à présent ? Qu'en penserait Cyriella ?* pensa-t-il.

La question du jeune homme la laissa hésitante. Elle n'aimait pas vraiment parler d'elle, de son passé, et encore moins où elle habitait. Car elle vivait seule, ça il le savait. Mais où ? C'était quelque chose, pour elle, qu'il n'était pas nécessaire de savoir. Mais comme ce grand type brun était son petit ami, et que c'était important pour les deux de rester honnête en tout temps, elle ne pouvait pas ne pas lui répondre. Elle l'observa quelques temps, avant de lui répondre.

- Pour être sincère, je ne crois pas que ce soit quelque chose d'important à savoir sur moi. C'est pas comme si je passais ma vie là-bas, j'y suis rarement en fait. C'est surtout un endroit où je range mes vêtements, et ma musique.

Elle fit une pause. Elle reprit, plus sûre d'elle.

- Je vis au fond du bois, dans une vieille cabane abandonnée. Je m'y sens très à l'aise, par contre, à ce que tu pourrais penser.

L'hésitation de Frankie le mit mal à l'aise. Peut-être que ça faisait partie de sa vie privée et qu'elle ne voulait pas le partager avec les gens. Ou peut-être que cet endroit était réservé à des vampires et qu'elle n'avait pas le droit d'y amener du monde, pour cause de dérangement des zones de chasse... *Oula, faut que j'arrête, là je deviens parano.*
La réponse de la jeune fille lui rendit le sourire. Une cabane dans la forêt...

- C'est génial, comme endroit, dit-il avec un sourire. Je comprends que tu t'y sentes bien. C'est personnalisé et personne ne vient t'y chercher, je suppose. C'est...

Il était à cours de mot et imaginait déjà dans son esprit une petite cabane faite de produits naturels, sans vraie isolation ni rien, et à l'intérieur, de la musique. C'était assez abstrait, d'avoir de la musique dans l'air ou sur un mur, mais il se le représentait très bien. Il arrêta ses pensées et posa une question, puis se mordit une lèvre.

- Tu... tu me la montreras un jour ?

Elle sourit. Il avait été encore plus ouvert d'esprit que ce à quoi elle s'attendait, et ça la soulagea. Ce type était parfait, il n'y avait aucun doute. Elle s'étala de tout son long sur le plancher de la chambre de Khalixt, regardant le plafond.

- Faudra bien, lui dit-elle en souriant. C'est un endroit très paisible, et je peux manger, enfin.. boire, à ma guise.

C'était inévitable. Il devait absolument voir tous ces vêtements, toute cette musique. C'était les deux choses les plus importantes pour elle, après lui. Elle devait avoir suffisamment de vêtements pour s'habiller durant trois mois, avec jamais le même gilet ou pantalon. Elle soupira, se retourna vers lui et l'admirai longuement.

Il est tellement beau... pensa-t-elle.

Khalixt ne put s'empêcher de scruter intensément les yeux de Frankie, puis d'observer sagement tout son corps à présent étallé sur le sol de sa chambre. Elle aussi avait l'air de l'observer et ses yeux à lui replongèrent dans l'éclat (très) foncé des pupilles de Frankie. Il s'allongea à son tour, perpendiculairement au corps de son amoureuse et sur le ventre, se pencha et s'installa sur ses coudes, puis approcha son visage plus près de celui de Frankie pour mieux voir ses yeux. Leur couleur était assez indescriptible.

- Tes yeux sont... bruns foncés, alors que de loin, ils paraissent noirs. Et... Il se rapprocha encore plus et continua. Et là, on dirait de minuscules pépites d'or. Evidemment, dit-il après quelques secondes de réflexion. Ta soif n'est jamais assouvie. Sa bouche se tordit en une moue moqueuse. Ses lèvres s'étirèrent légèrement en un sourire puis fondirent comme une fusée sur celle de Frankie, plus douces que jamais. Un baiser très bref.

Elle se perdit complètement dans ses pensées lorsque Khalixt détaillait ses yeux intensement. Et lorsqu'il déposa ses douces lèvres sur celles de Frankie, elle passa ses doigts sur la nuque du jeune homme, retenant ainsi sa tête. Une fois leur petit baiser fini, elle esquissa un sourire, joyeuse. Afin de répondre, en quelque sorte, aux constatations du grand brun, elle le regarda dans les yeux.

- Mes yeux peuvent changer de couleur rapidement. Selon mes émotions et non selon ma soif. Ça arrive souvent ou j'suis la seule ? demanda-t-elle, n'ayant jamais rencontré d'autre vampire avant très récemment, elle n'avait pas pu faire la différence. ... T'as des yeux magnifiques, mon chou.

La jeune suçeuse de sang réduit la distance qui les séparait et se colla à son amoureux, nichant son nez dans le cou du jeune homme. Là, elle s'y sentait à l'abris, en sécurité. Elle pouvait hûmer le délicat parfum du brun et fermit les yeux pour en savourer toute son odeur.

La peau de Frankie contre la sienne était d'une infime douceur qu'il ne pouvait décrire. Sa respiration se fit plus saccadée, comme chaque fois que l'espace les séparant se réduisait.

- Nos émotions changent en fonction de nos faims également, donc on peut réunir les deux facteurs qui font que la couleur de nos yeux change. Mais tu es tout à fait spéciale et cela ne m'étonnerait pas du tout que tes yeux aient un pouvoir extraordinaire.

Il sourit pour lui-même et respira plus profondément les cheveux de la belle brune. Son corps s'allongea à côté de celui de Frankie, leurs têtes au même niveau et le reste de lui-même de l'autre côté, symétriquement par rapport à un point situé entre leurs deux visages. Il pencha sa tête vers la gauche et embrassant fougueusement sa petite amie. Il avait placé son bras gauche de manière à caresser de ses doigts la main de Frankie, le long de son corps à elle.

Un pouvoir ? s'étonna-t-elle.

Elle n'eut pas le temps de poser sa question que le jeune homme l'embrassait déjà de nouveau. Ce n'était, toutefois, pas pour lui déplaire. Elle adorait cette sensation nouvelle qui s'installait au creux de son estomac et cette impression qu'avaient ses joues de rosir. Elle en perdit complètement la tête et avait déjà oublié ce à quoi elle pensait il y a de cela deux secondes. Comme dans un tout autre état, elle ne se rendit pas totalement compte de ce qu'elle fabriquait.

Dans un élan aussi rapide que le road runner, elle avait déjà enfouie sa main sous la chemise de son petit ami, puis la déboutonna rapidement. Lorsque ses gestes parvinrent à son cerveau, elle s'arrêta, et s'écarta brusquement de lui. Peut-être était-ce trop tôt ? Peut-être n'en avait-il pas envie ? Peut-être... Peut-être... Un bourdonnement de questions se bousculaient dans sa petite tête, et affollée, elle se rongea les ongles.

- Pardon ! s'empressa-t-elle de dire. Heum... je.... Je-suis-désolée, balbutia-t-elle.

Comme si elle craignait que quelqu'un les ait remarqué, ce qui était vraiment absurde, elle se retourna et regardait les environs. Il fallait toujours qu'elle se rende comte de ses faits et gestes aux mauvais moments, interrompant chaques fois leur élan.

I'm a fool, songea-t-elle alors.

La petite et douce main interrompue dans son élan lui arracha un cri intérieur de douleur. C'était sa première expérience en tant que "petit ami" d'une fille, et qui plus est d'une vampire, et il ne savait pas du tout comment se comporter envers elle. Mais là, à ce moment précis, tout ce qu'il aurait voulu était qu'elle continue ce qu'elle avait en tête... ou n'avait pas.
Sa chemise toujours ouverte, il scruta le visage désolé de Frankie puis tenta un sourire.

- Ne... Ne t'excuse pas, euh... Les rougeurs se sentaient venir, même si elles restaient cachées. Je... Ne t'excuse pas, vraiment, et, euh...

Frankie releva sa tête pour le regarder dans les yeux et il se sentit encore plus déstabilisé. C'était de la torture d'avoir son visage à quelques centimètres du sien, et de savoir que quelques secondes avant elle était en train de lui déboutonner sa chemise. C'était insoutenable. Khalixt réussit à esquisser un vague sourire, reprit confiance et pencha légèrement sa tête vers l'avant pour chuchoter au creux de l'oreille de son amoureuse :

- Vraiment, jamais je ne t'obligerai à t'arrêter.

Hésitante, elle se rapprocha doucement de lui, et se colla contre son torse. Elle avait une petite boule de quiétude dans la gorge, elle se sentait vraiment idiote de toujours tout interrompre, craignant on ne sait quoi. Elle entoura le bassin du jeune homme et posa sa tête contre sa poitrine, désormais nue, comme tentant de percevoir un battement de coeur. Ce qui n'arriva pas. Elle soupira, déçue. La petite brune aurait adorée percevoir son battement, qu'il soit normal ou désordonné.

- Encore désolée... d'être aussi stupide, souffla-t-elle dans son cou.

Elle ferma les yeux, hûmant le parfum de Khalixt. Il avait dit qu'il ne l'en empêcherait pas, d'accord. Mais ç'aurait été aussi dommage d'aller trop vite, et de, peut-être, se lasser plus tard. Ce qui n'arriverait pas, même dans dix milles ans. Elle le savait, elle le sentait.

Il la regarda en un sourire rassurant.

- Il n'y a pas de problème à ça, love.

Il se rassit et sortit d'une des caisses une pochette dont le nom était caché. Il lui tendit en chuchotant 'cadeau'.
Il attendit la réaction de Frankie qui ouvrit lentement l'objet. Il ne savait pas si ça allait lui plaire.

[Vraiment sorry, je n'ai pas d'inspiration, et je ne sais même pas quelles partitions lui offrir.]

La jeune fille se redressa également, pour être assise comme son amoureux. Étonnée, sentant le rose lui venir aux joues, elle saisit la pochette. Elle la tourna, cherchant un quelconque titre de chanson ou nom de groupe. Rien. Elle leva les yeux vers Khalixt, qui du regard l'invitait à l'ouvrir. Elle l'ouvrit, aussi délicatement que si elle avait cueuillit une fleur rare dans un jardin. Elle poussa un soupir de stupéfaction en voyant les partitions. Elle passa ses doigts sur la feuille, sur les notes, comme si elle pouvait les sentir et profiter de la musique. Les yeux brillants, elle releva la tête vers Khalixt et lui sourit amoureusement.

- Oh merci, chuchota-t-elle. River Flows In You est une chanson magnifique à jouer au piano...

Elle se rapprocha du jeune homme, appuya sa tête contre l'épaule du vampire, et ferma les yeux. À croire qu'il savait exactement ce qu'elle aimait ou n'aimait pas. Elle avait l'impression qu'il pouvait lire en elle comme un livre ouvert.

- Je t'aime tant... souffla-t-elle au creux de son cou.

Et c'était vrai. Elle l'aimait passionnément. En si peu de temps, elle s'était déjà attaché à lui et ne voulait plus le perdre. Elle l'aimait plus que sa propre personne.