Au volant de sa voiture mauve [Khalixt&Frankie]

[Suite de sous les platanes]

Le court trajet se fit en silence. Khalixt était gêné et l'état de Frankie lui était indéfini. Il avait même peur qu'elle lui en veuille de ne pas lui expliquer.
Et son "intéressant" à elle le faisait réfléchir. Avait-elle voulu dire qu'il était "intéressant" de parler avec lui, ou était-ce une manière de se moquer de sa non-explication ?

Il devenait tendu et ils auraient pû entendre les mouches voler.

Il mit fin au supplice et se jeta à l'eau.

- Si c'est pour te moquer que tu as dit ça, je te préviens tout de suite, je ne suis pas de nature susceptible, dit-il, même si mystérieusement, quand c'était Frankie, il était touché plus fortement et très vêxé.

Elle se retourna en un seul mouvement, rapide comme un éclair, et ses yeux étaient à présent noir. Comme chaques fois qu'elle était outrée, fâchée ou que quelque chose ne va pas. Il rigole là ? pensa-t-elle, amer.

- Tu te foue de moi, j'espère ? J'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi... mystérieux et passionnant ! T'as une voix exceptionnelle, t'as un très joli style, dit-elle en pointant ses vêtements. Et tu es... Tu es magnifique, bégéya-t-elle en fuyant son regard.

Elle eut l'impression de rougir sur cette dernière phrase, ce qui n'arriva pas, évidemment. Elle avait le don de se mettre dans des situations plutôt embarassante. Elle se mordit la langue intérieurement et ferma les yeux, s'appuyant contre son bras droit. Tendue comme un pic, elle n'osait même plus le regarder. Sa joie avait disparue en une seule petite minute.

La colère de Frankie s'abatit sur l'abitacle du véhicule, que Khalixt conduisait sans même prêter attention à ses gestes. Il était trop occupé à regarder le demoiselle la bouche légèrement pendante, ses crocs dépassant à peine. Sa tête tournait à la négative pendant qu'elle parlait, et ses yeux la fixait, les plus étonnés possibles.
Elle avait vraiment l'air énervée. Il espéra qu'elle n'essaierait pas de le taper, pour quelle raison que ce soit, dont il n'avait rien compris d'ailleurs. *J'ai dit quelque chose de travers ?*

Et tout en l'écoutant, il regardait le moindre détail du magnifique visage de la vampire et fut très déçu quand elle détourna le regard.

Tu es belle, même quand tu t'énerves, dit-il spontanément.

Et les mots de la jeune fille parvinrent enfin jusqu'à son cerveau. Elle le trouvait... tout ça ?! *Haha très drôle.* Il s'énerva à son tour.

Il ralentit automatiquement la voiture et regarda droit devant lui. Et il détestait par dessus tout l'hypocrisie. Son ton devint dur et son intérieur fut extrèmement vêxé par la répétition de la moquerie de Frankie.

J'espère que tu ne racontes pas n'importe quoi juste pour paraître sympatique. Je préfère les gens sincères, même si ça doit blesser à un moment où à un autre. Si je te gène, la porte est ouverte.

Mais il espéra qu'elle n'allait pas partir, sa présence devenait nécessaire au fil des minutes, quelle que soit son humeur. Il était clairement amoureux.

Elle reposa alors son regard sur le jeune homme, tristement. Elle crut qu'il l'invitait à quitter, ce qu'elle ne voulait absoluement pas.

- Je n'ai pas l'intention de quitter... J'ai l'impression que... commença-t-elle en cherchant ses mots. J'ai l'impression que je ne pourrai plus jamais me séparer de toi. Jamais, reprit-elle confiante.

Elle déposa délicatement sa main sur celle du grand brun qui fixait toujours la route. Son cerveau mit une éternité à analyser les paroles du jeune homme. Il lui avait dit qu'il la trouvait belle même quand elle s'énervait. Un petit sourire en coin, simple mais mignon, apparut sur le visage de la jeune vampire. Elle était inévitablement tombée sous son charme dès leur première rencontre, dès qu'elle l'avait vue sortir de sa voiture. De la même voiture dans laquelle elle était présentement.

Il frissonna au contact de sa main sur la sienne. Trop de douceur l'empêchait de bien réfléchir et ses pensées en furent toute bouleversées. Il chercha quelques secondes un endroit où s'arrêtait, il n'en pouvait plus. Sa concentration n'était même plus assez forte malgré ses talents vampiriques. La présence de la jeune fille devenait atrocement douloureuse.

Quand il trouva une place près d'un arbre abandonné, sur une petite esplanade vide également, il se garra et laissa ses mains sur le volant, dont une était toujours recouverte du satin qu'était la peau de Frankie.

Il osa tourner la tête vers celle qui occupait ses esprits et qui allait bientôt faire exploser son coeur. Et il brava tous les interdits : en un millième de seconde, avant qu'il n'ait pu réfléchir à ses actes, ses mains lachèrent le volant et attrapèrent précipitamment le visage de la jeune fille, qui ne put reculer, et l'embrassa violemment, laissant ses instincts de vampire prendre le dessus.

Puis se reculant, il dit, encore une fois, la vérité de ses pensées, bien qu'abstraites.

- Je suis désolé pour toi, même si je ne regrète rien pour ma part. Hum... Non en fait, je ne suis pas du tout désolé.

Il se rassit droit dans son siège et continua :

- J'ai l'impression d'être en colère et d'avoir été brusque, je ne sais pas pourquoi. Je crois que tu me rends nerveux. J'espère que je ne t'ai pas trop... trop offensée en t'embrassant, dit-il en cachant un regard amoureux.

La jeune vampire eut l'impression d'être dans un rêve. Le hic, c'est qu'elle ne pouvait pas dormir. Maintenant qu'elle savait la vérité, elle se sentait totalement incrédule. Elle se mordilla les lèvres et fixa loin à l'horizon, tâchant de comprendre les gestes de Khalixt. L'avoir offensée ? C'est vrai qu'elle fut surprise, mais loin d'être brusquée. Après quelques longes minutes de silence, elle se retourna vers lui, d'un petit sourire timide.

- Non, c'est tout le contraire... Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie.

Jettant des coups d'oeil tout autour d'elle, elle remarqua quelques CD qui traînait ici et là dans la voiture. Elle en saisit un, reconnaissant le boîtier. Elle fut étonnée de voir autant de CD dans une seule voiture. C'est alors qu.'un question lui trotta dans la tête.

- Tu es fan de musique, hein ? demanda-t-elle d'un sourire amusé.

Après s'être remis du choc qu'il avait infligé à la jeune fille puis de celui qu'elle lui avait fait, il se calma et la regarda fouiner en souriant, ses pensées ailleurs.
Sa question le tira de sa tête et une lanterne s'éclaira dans sa tête. Le mot "musique" produisait bien plus d'animation en lui que n'importe quel autre mot, à part peut-être si c'était "Frankie". Il n'en savait rien et il ferait bientôt l'expérience. Il sourit à cette idée.

Oui, tu as touché juste, dit-il en souriant à l'intéressée.

Il la regarda avec attention et scruta les traits expressifs de son doux visage.

J'en conclus que toi aussi, demanda-t-il en caressant du bout des doigts la joue fraîche de la vampire.

Lorsqu'il effleura sa joue, elle releva le visage d'un petit sourire en coin. Elle tentait de se remémorer de son passé, lorsqu'elle faisait de la musique avec son ami. Une vague image de leur enregistrement dans un studio lui parvint.

- Oui en effet... soupira-t-elle.

Elle tenta de changer de sujet afin d'en connaître plus sur lui. Ça l'intriguait fortement.

- Tu ne fais qu'écouter ou tu joue ? demanda-t-elle alors réellement curieuse.

Elle reposa les pochettes de disques à leurs places et releva la tête vers lui afin de pouvoir profiter de ses paroles plus longtemps. Elle lui sourit, heureuse d'être à ses côtés.

Le regard encourageant de Frankie le fit s'éxécuter.

- J'écoute et je joue, dit-il, toujours souriant.

Il crut voir un petit air triste flasher chez la jeune femme. Le mystère encore entier le fit froncer les sourcils.
La situation était plus que spéciale. Cinq minutes plus tôt, il pensait qu'elle se fichait totalement de lui, et maintenant il se rendait compte qu'elle était amoureuse de lui également. Mais le sourire disparaissant de son visage, il s'inquiéta.

- Ai-je dis quelque chose ? demanda-t-il en la scrutant, son index s'arrêtant sur le bout de son nez.

Revenant à elle, se souvenant qu'elle était avec Khalixt, elle lui sourit timidement. Elle aurait fait mieux de repenser à tout ça, un autre moment, où elle n'aurait pas été avec lui. Elle le rassura aussitôt.

- Non, ne t'en fait pas, répondit-elle chaleureusement. Je repensais juste à un truc pas très important... ajouta-t-elle vaguement.

Elle renifla, par réflexe. Plongeant son regard chocolaté dans celui du grand brun, elle voulut lui sauter dessus mais se retint, difficilement. Elle tâcha de trouver un sujet de conversation qui lui permettrait de résister. Les paroles du jeune homme lui revint en tête.

- Tu joue ? s'empressa-t-elle de demander, intéressée.

Elle se retourna dans son banc, se mettant plus à l'aise afin de lui parler. Inconsciemment, elle posa ses main à son tour sur le doux visage de Khalixt. Toutefois, lorsqu'il reprit la parole, comme un flash, elle retira son bras. Elle crut percevoir une une petite moue triste, mais se dit qu'elle imaginait probablement des trucs. Elle écouta les paroles du beau jeune homme avec attention, en se mordillant les lèvres.

Les doigts de Frankie sur son visage furent si éphémères qu'il se prit à penser qu'il avait rêvé. Mais il ne put afficher s'empêcher d'afficher une petite mine confuse et déçue. Il répondit tout de même avec passion à sa question.

- Oui, je joue, il rit, amusé. En fait, j'ai un groupe d'amis avec qui je m'amuse facilement à tester de nouveaux instruments, de nouveaux sons, de nouveaux rythmes... Il nous est même arrivé de donner quelques concerts.

Il sourit à la jeune fille et le bonheur le reprit, parlant de son sujet favori.

- Et toi, tu joues ? Tu chantes ? Ou tu écoutes et développe ton oreille ? Il rit en pensant à l'ouïe extra-ajustée des vampires de manière générale... Développer encore plus ce sens paraissait ridicule.

Son doigt descendit sur le cou de Frankie, puis encore plus bas, traçant la ligne de son T-shirt un peu plongeant. Sa peau était d'une telle douceur qu'il osait à peine la toucher, il effleurait la fine couche blanche qui recouvrait son corps. Ses yeux suivirent son geste et revinrent se poser sur ceux de la vampire qui le transperçèrent.

Longtemps elle retint son souffle, s'efforçant de ne pas craquer. Elle aurait voulu qu'il cesse de la faire languir comme ça, mais adorait trop cette sensation qu'il lui offrait pour vraiment vouloir qu'il la lâche. Elle lui sourit, lorsqu'elle apprit qu'il pratiquait un instrument.

- Je joue également... Du piano, de la bass, mais je n'ai pas eu l'occasion de me rendre jusqu'aux concerts. À moins que les Talent Show scolaires comptent.

N'en pouvant plus, elle saisit la main du jeune homme et la garda dans sa paume. De son pouce, elle flatta doucement le dessus de la main du grand brun et observait ses gestes, se remémorant petit à petit de son passé. Elle releva le visage vers Khalixt, croisa son regard. Ils restèrent quelques instants sans parler. Trouvant le silence trop lourd, bien qu'il fut tout de même agréable, elle reprit parole.

- De quel instrument joues-tu ?

Khalixt imagine une petite fille au même visage que Frankie chantant une chansonette sur une scène d'école. Cela le fit rire et ses lèvres s'étirèrent en un sourire moqueur.

- Les Talent Show scolaires comptent. J'espère que tu as gardé quelques vidéos, dit-il en riant. Sa main dans celle de la jeune vampire resentait une sorte de chaleur, ce qui était complètement impossible, considérant la température de leurs corps. Mais cette chaleur semblait émaner de son coeur, en ébullition à l'instant présent.

- Je joue également du piano, et de la guitare... Et j'aime chanter, continua-t-il après un instant d'hésitation. Ses yeux toujours plantés dans le regard de Frankie, sa main se dirigea instinctivement sur la douce joue de sa compagne. C'était plus fort que lui, il l'embrassa rapidement.

Remerciant le ciel qu'il ait craqué le premier, elle lui rendit son baiser et passa une main dans la douce chevelure du jeune homme, près de la nuque. Décollant ses lèvres du grand brun, elle reprit son souffle, bien que cela fut inutile.

- Tu me chanterais quelque chose... ? souffla-t-elle dans le creux de son cou.

En flattant les cheveux de Khalixt, elle acôta sa tête sur l'épaule du jeune homme, réalisant qu'ils avaient plusieurs points en commun, réalisant à quel point ils étaient fait l'un pour l'autre.

Elle repensa à ce baiser, à la façon dont il lui avait sauté dessus. C'était maintenant clair, elle l'aimait. Elle sourit, rien qu'à cette pensée.

Le souffle de Frankie dans son cou le glaça et ses esprits s'arrêtèrent en chemin. Le sourire de la jeune fille était tellement magnifique qu'il vit des anges tomber des cieux et des papillons dans sa voiture. Il reprit conscience et répondit dans ses cheveux.

- Si tu veux mais tu chantes avec moi, dit-il en souriant pour lui-même. Il fit glisser son visage de manière que leurs lèvres se frôlent et, ne pouvant résister, il l'embrassa fougueusement et retira son nez pour respirer ses cheveux soyeux à l'odeur de fleurs.

Il commença à fredonner une sorte de berceuse, qu'il inventait sur le moment. Il rassembla ses émotions pour construire une mélodie heureuse et doucereuse. Puis il eut une idée.

- Ca te dirais de passer chez moi, je te montrerais l'endroit où je travaille avec mes amis, dit-il en ironisant le mot "travail". Enfin, seulement si tu le veux bien... Mes courses attendront, j'ai plus important devant mes yeux, continua-t-il en enfonçant son regard dans celui de Frankie.

La proposition du beau brun la laissa de marbre. C'était la première fois de toute sa vie qu'elle rentrerais chez quelqu'un. Enfin, depuis sa vie de vampire, car elle n'avait pratiquement presque qu'aucun souvenir de sa vie humaine, s'entend. Et cette dernière remarque lui donna de l'assurance. Elle encra son regard dans le sien, et c'est d'un sourire qu'elle répondit.

- Pourquoi pas ! Ça pourrait être sympa. Seulement... commença-t-elle. J'ai atrocement soif, lâcha-t-elle d'un rire nerveux.

Puis elle baissa les yeux, craignant qu'il ne trouve ça ridicule qu'elle lui dise cela.

La gêne de Frankie le fit rire, et immédiatement ses mains retournèrent vers son volant, ses pieds aux pédales et il mit le contact.

- Ne t'inquiète pas, je t'emmène en forêt tout de suite. Ensuite nous irons chez moi si tu veux toujours.

Il lui jeta un coup d'oeil à la magnifique créature assise sur le siège près de lui, lui adressa un sourire et démarra les turbos. La voiture avança rapidement et au bout de quelques minutes de silence et plusieurs kilomètres, il ajouta d'une voix claire.

- Et puis, nous avons toute la nuit devant nous.

Il regretta aussitôt d'avoir dit cette phrase. Evidemment, son intention avait été de dire que du fait de leur non humanité ils avaient la nuit entière avant la reprise des cours pour passer du temps ensemble, mais surtout pas de laisser un malheureux sous entendu quant à des choses embarrassantes à expliquer qu'ils pourraient faire tous les deux. Il baissa la tête, regarda Frankie à ses côtés avec des airs désolés, et reporta son attention sur la route, qu'il ne voyait pas du fait de sa non concentration. Et dit :

- Euh, pas dans le sens que j'aurais pu.. laisser euh.. entendre, hein ? Je... Je pensais uniquement qu'on avait beaucoup de temps devant nous pour discuter etc... Il s'arrêta, de peur de paraître ridicule dans son explication.

Elle lui sourit, heureuse qu'il soit compréhensif sur ce point. Avec n'importe quel humain, elle se serit vu de recevoir un verre d'eau ou du jus. Elle se replaça normalement, lorsqu'il eut mis le contact. Puis les paroles du jeune homme eut pour effet de la gênée, puis lorsqu'il lui déballa ses explications, elle ne put s'empêcher d'éclater de rire. Non pas qu'elle riait de lui, mais ce petit malaise qui s'était installé entre eux l'avait plutôt amusée.

- Excuse-moi, réussit-elle à dire entre deux rires. T'étais juste trop mignon dans tes explications, t'aurais vu ta face ! lâcha-t-elle en lui souriant tendrement.

Elle se retourna vers lui, l'observa d'un regard amusé et doux. Elle replaça sa frange puis se tortilla sur son banc afin de déposer un léger baiser sur la joue du grand brun. Elle approcha ensuite sa bouche de l'oreille du garçon et chuchota.

- L'autre sens ne m'aurait pas non plus dérangé... annonça-t-elle. Enfin... Seulement un peu gênée... Hum... Elle hésita. Ça serait ta première fois ? Enfin, si jamais ça arrivait...

À son tour, l'adolescente éternelle s'arrêta dans son monologue, se disant qu'il était mieux d'arrêter là avant de ne lui sortir d'autres bêtises.

Des frissons s'emparèrent de son corps à l'approcha brutale de la jeune fille vers sa joue. Puis son rire hystérique le mit encore plus mal à l'aise, et il se prit à en vouloir à Frankie. Il se reprit immédiatement, ce rire était si magnifique qu'il ne pouvait qu'admirer son amoureuse. Il se permit tout de même une petite grimace à son attention.
Les paroles chuchotées à son oreille le firent sourire timidement. S'il avait pû rougir il n'aurait pas pu se retenir. Il répondit automatique une réponse claire et sincère.

- Oui.

A ce moment là, il n'avait même plus peur du ridicule mais il garda son visage concentré - ou une prétendue concentration pour un point droit devant lui - et ne la regarda pas.

- Et toi ?

Elle se pinça les lèvres, tout en souriant timidement. Elle ne s'était pas vraiment attendue à ce qu'il lui réponde, elle pensait qu'il se serait simplement tu, trop gêné pour lui répondre. Cette réponse la fit sourire tout de même, car au moins elle ne serait pas la seule. En hochant la tête, elle lui répondit.

- Oui...

Voyant qu'il n'avait pas l'air de lui prêter grande attention, elle reporta son regard sur le pare-brise. Elle garda le silence longtemps, jusqu'à ce qu'elle aperçoive la forêt au loin.

- Il faut bien une première fois à tout... non ? demanda-t-elle, presque inaudible.

La réponse de Frankie, claire et nette comme la sienne, fendit l'abitacle d'un silence sans précédent. Il n'osait plus tourner la tête, ni rien qu'un oeil pour voir sa réaction. Il n'osait pas.
La gêne prit place et Frankie se lança, attendant une sorte de réponse.

- Hum, oui, heureusement, dit-il sans changer son regard de direction.

Il attendit quelques secondes, le temps de se garer dans le chemin boueux d'un forêt avenante. Là, il força son cou à faire un quart de tour vers sa droite et son regard suivit la direction obligée, à savoir la magnifique créature assise sur le siège à ses côtés.

- Et je serais le plus heureux du monde si cette première fois, et toutes celles qui pourraient suivre d'ailleurs, se passaient en ta compagnie, dit-il, surmontant son angoisse et cachant son visage après cette pitoresque tirade. Il sortit de la voiture, ferma la porte et se posa contre le pare brise, dos à Frankie. Il repira un grand coup, comme s'il manquait d'oxygène.

Elle fixait toujours le pare-brise lorsqu'il reprit la parole à son tour. Lorsqu'il sortit de la voiture, il ne le vit pas mais la jeune fille sourit de toutes ses dents. Elle sortit à son tour du véhicule et vint se poster aurès de lui. Elle lui prit la main, le forçant ainsi à la regarder dans les yeux.

- Je serais également la fille la plus heureuse du monde si tu pouvais être ma première fois et les autres d'après, dit-elle avant de s'éloigner dans la forêt, après avoir senti une proie non loin de là. Viens, lança-t-elle à Khalixt avec un sourire pour qu'il la suive.

C'est au pas de course qu'elle s'engouffra dans les bois, en compagnie de la merveileuse créature qu'elle aimait tant, Khalixt, à a recherche de quoi se mettre sous la dent. Après avoir déniché deux chevreuil et un lièvre, elle se retourna vers l'homme qui était à ses côtés.

- Est-ce que je t'ai déjà dit que tu étais merveilleusement beau ? demanda-t-elle d'un sourire alors qu'elle s'approchait de lui.

Leur repars fut délicieux et le partager avec cette personne était une sorte de luxe dont il se surprenait encore. Et elle était terriblement douée en matière de chasse. Sa réflexion le coupa dans son élan - à savoir, s'essuyer les chaussures.

Elle l'avait rejoint et entreprenait de son pied nu à épousseter la chaussure de Khalixt en riant doucement. Ce rire si joyeux qu'il aimait, une ribanbelle de couleurs qui valseraient dans le ciel, rien que grâce la personne dont il provient.

- T'ai-je dit que tu es la personne la plus magnifique que j'aie jamais rencontrée ? demanda-t-il comme en réponse à la déclaration de son amoureuse.

Prenant son courage d'homme timide, il l'attira à lui d'un geste qu'il voulut fluide en l'attrapant par la taille. La plaquant gentillement contre son torse, il ajouta tendrement :

- Et t'avoir là, tout contre moi, relève d'un univers paradisiaque et presque imaginaire.

Il lui sourit et commença une fois de plus à fredonner. C'était une deuxième façon d'exprimer ce qu'il pensait et s'en servait pour paraître moins embarassé. Cette fois, il sortit les mots tels qu'il les pensait, une petite invention qu'il essaierait de ressortir un jour de composition avec ses potes.
I see butterflies in the air, but when you're here, I don't care...

Elle accôta sa tête contre le torse parfaitement taillé du grand brun, et écoutait le fredonnement de Khalixt avec admiration. Puis elle remarqua une petite goûtte de sang sur le recoin de la bouche du jeune homme. Incapable de résister plus longtemps, elle se mit sur la pointe des pieds pour être à sa hauteur et le lécha. En remarquant l'expression interrogative du jeune homme, elle se remit à sa hauteur normale.

- Heum... Pardon, tu avais un peu de sang sur le coin de la lèvre, j'ai pas pu m'en empêcher... dit-il en ayant l'impression que ses joues allaient virer au rose.

Puis en se défaisant de l'étreinte de son compagnon, elle se rappela de la proposition qu'il lui avait fait quelques instants plus tôt. Elle se retourna vers lui, rayonnante.

- Alors... Ta proposition que j'ailles faire un tour chez vous tient toujours ?

Un frisson le parcourut, le sang disparut et une superbe odeur douceâtre lui resta sur le coin de la lèvre. Il sourit.

- Ma proposition tient toujours. Demi-tour ?

Sans attendre de réponse, il prit Frankie délicatement par la taille et l'emmena sur le sentier un peu plus loin, en direction de sa voiture. Ils s'y installèrent, après que Khalixt ait fermé la portière de Frankie. Un peu plus et il rougissait...
Il mit le contact et démarra silencieusement. Il se demandait à quoi elle s'attendait à voir, et lui se demandait si Cyriella serait là.

- A quoi t'attends-tu ? Je suis curieux.