Douce Quiétude au Sommet.

Daniel esquissa un sourire en apprenant que les parents de la jeune fille ne tenteraient pas de le tuer durant son sommeil. Il regarda la petite blonde ramasser des couvertes et refermer la porte du placard avant de ne lui faire signe de la suivre. Ce qu'il fit, un énorme sourire plaqué sur le visage. Après avoir passé devant le salon, lorsqu'ils atteignirent les escaliers, il se rapprocha d'elle et la ralentit dans sa marche.

- T'as besoin d'aide pour monter les trucs ? demanda-t-il en désignant du menton les couvertures. Je ne voudrais pas que tu marches sur l'une d'elles et que tu te casse quelque chose, ajouta-t-il en un souffle.

Puis, sans attendre de réponse, il s'empressa de prendre quelques doudous et de grimper les marches. Au contact de la peau de la jeune fille, Danny remarqua qu'elle était très chaude, un peu au dessus de la moyenne. Ça l'intrigua profondemment, mais il ne posa pas de question, resta muet avant de n'atteindre l'étage supérieur.

- Où vais-je dormir, au fait... ?

Ellissandre avait senti le frémissement de Daniel au contact de sa peau. Elle fut soulagée en constatant que celui-ci n'avait fait aucune remarque, auquel cas elle n'aurait su répondre avec assurance.
Arrivant au palier, le jeune homme lui demanda où est-ce qu'il dormait. Le sentant encore un petit peu tendu, Ellie décida de le faire marcher.

- Je pensai te mettre au grenier... On va te trouver un coin où il n'y a pas de fuites d'eau. Et pour te tenir chaud, il y a pas mal de rongeurs. Inoffensifs, bien sûr, ajouta-t'elle, malicieuse.

Mais son sérieux ne teint pas longtemps face à l'expression du visage de Danny en cet instant. Elle éclata de rire, avant d'avancer vers une porte. Elle se retourna cependant juste avant de l'avoir atteint, et regarda le brun, un sourire aux lèvres.

- Plus sérieusement, ma chambre est la seule assez grande pour y ajouter un lit de camp. Mais si tu préfères, tu peux dormir dans la chambre de mon frangin, qui lui se coltinera le lit de camp.

- Hm... Je crois que j'opte pour ta chambre. Je ne tiens pas à mourir dans mon sommeil à cause de ton frangin. Il me sembe soucieux envers moi...

En disant cela, le jeune homme avançait tranquillement, réduisant la distance entre la porte et lui, ce qui obligeait Ellie à se retrouver coincée entre les deux. Il plaqua ses deux mains de chaques côtés de la jeune fille et la contemplait dans la demi-obscurité. Leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres. Bien qu'il la dépassait largement, il sentait son souffle. Il afficha un sourire qui aurait pu faire soupirer bien des filles. Mais, instinctivement, il sentait que celle qu'il avait sous les yeux n'était pas comme toutes les autres. Il savait qu'elle avait quelque chose de plus, mais ne savait pas exactement quoi. Un nouveau grondement de tonnerre le ramena à la réalité et il fini par soupirer en tournant la poignée de porte à la place d'Ellissandre. Il la laissa entrer en premier et la suivit silencieusement, encore sous le choc de ses propres gestes. Il avait été pris d'une poussée d'adrénaline subite.

Resaisit-toi, avant de n'aterrir dans le département psychiatrique... pensa-t-il, mal à l'aise.

Ellissandre se faufila dans sa chambre dès que Daniel eut ouvert la porte. Arrivée près de son lit, elle posa les draps qu'elle tenait toujours contre elle et se permit de nouveau de respirer. Ce rapprochement avait été quelque peu étrange, et l'éclat dans les yeux de Danny, elle le connaissait bien. Quelques gars de la Push avait cet éclat, mais ils restaient à l'écart d'Ellie, surprotégée par ses "frères de meute".

S'accroupissant près de sa table de chevet, Ellie alluma la petite lampe. Une faible luminosité commença alors à se diffuser dans la pièce, laissant apercevoir un univers très sobre, mais personnel. La plupart des murs étaient occupés par des posters ou bien des photos. Se relevant, elle se retourna vers le jeune homme et tendit les bras.

- Donnes-moi ça, que je te débarrasse, dit-elle en désignant du menton la couverture que tenait le jeune homme.

Elle n’osait plus trop s’approcher du brun, ne s’attendant pas à une quelconque réaction, ni de sa réactivité à elle. A vrai dire, c’était surtout d’elle-même qu’elle avait peur en cet instant.

En bégéyant un bref « Heu... tiens » il lui tendit le draps et observa tout autour de lui. La lumière éclairait la pièce de façon à ce que ce soit calme et chaleureux. Les murs étaient recouverts de posters et de photos, et il accrocha son attention sur l'une d'elles. En fait, il essayait le plus possible d'oublier ce qu'il venait de faire. Son rythme cardiaque avai accéleré et ses idées étaient embrouillées.

Refait plus jamais ça, dude... Refait plus JAMAIS ça, pensait-il pour lui-même.

Étrangement, la fatigue l'avait quitté, laissant place au questionnement. Comment ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il lui a pris ? Tout ceci se bouscula dans sa tête, sans qu'aucune question ne puisse lui parvenir. Il soupira bruyamment, se trouvant un parfait idiot.

Ellissandre, qui s'était ressaisit, prit les draps que lui tendait le jeune homme et les posa avec leurs homologues sur le lit. Entendant le soupir du brun, elle ne put s'empêcher de rigoler et un rire cristallin lui échappa.

- Qu'est-ce qui te fais soupirer ainsi ? Demanda-t'elle, observant Danny du coin de l'œil, tandis qu'elle installait le lit.

Elle avait sortit celui-ci de dessous son matelas, et l'avait collé contre la bibliothèque, afin de ne pas bloquer la circulation dans la chambre. Posant les draps dessus, elle décida de le faire plus tard.
Attendant toujours une réponse du jeune homme, elle s'avança jusqu'à la fenêtre, dont des gouttes de pluie venaient se fracasser contre. Elle observa la lisière de la forêt, qui était à la bordure de leur jardin.

Le nombre de fois où je suis descendue par cette fenêtre pour partir en meute, pensa-t'elle, amusée.

Il se retourna vers la jeune fille et l'observa se diriger vers la fenêtre. Il s'en approcha également, se tenant à un mètre d'elle.

- Je... Rien, dit-il. Excuse-moi pour... pour tantôt. Je me suis un peu... laissé emporté, ajouta-t-il en rougissant.

Il passa une main dans ses cheveux, avant de ne se risquer à croiser le regard d'Ellissandre, avec un petit sourire en coin. S'il avait réfléchi avant d'agir, aussi ! Tout cela ne serait pas arrivé. Le souffle saccadé, il se décida à se rapprocher d'elle, trouvant que c'était louche qu'il se tienne à un mètre d'elle. Comme s'il en avait peur. Il porta son regard vers l'extérieur à son tour, songeur.

- J'suis pas comme tu crois... avoua-t-il. Je ne suis pas un player, je n'aime pas jouer avec les sentiments... Je veux pas que tu crois que je... joue avec toi.

Il avait beaucoup insisté sur ses derniers mots. Sa voix était neutre mais sincère. Il lui semblait que tout était plus simple en sa compagnie, que le monde extérieur lui était indifférent. Tout ce qui comptait pour lui, à présent, c'était elle. La blonde qui se trouvait à côté de lui. Il baissa la tête, ne voulant pas voir la réaction de la lycéenne lorsqu'il eut prononcé ces paroles.

Ellissandre sourit face à la sincérité du jeune homme. Elle passa sa main dans sa chevelure blonde, les ébouriffant un peu plus. Que pouvait-elle bien répliquer à cela ? Se mordant la lèvre inférieure, Ellie réfléchissait le plus vite possible. Elle ne savait pas comment faire pour décoincer la situation, entre le jeune homme qui avait agi sous le coup des hormones et de la fatigue, et elle, qui s'était esquivée, bien qu'elle eut désiré rester entre ses bras.
Poussant un soupir, la jeune fille releva la tête de Daniel d'un doigt et lui offrit un sourire éblouissant.

- Je ne t'ai jamais pris pour un player, Danny, rétorqua-t'elle, après avoir mis un certain temps pour trouver la phrase, pourtant simple.

Ses yeux gris se posèrent sur les lèvres du jeune homme une fraction de secondes, avant qu'elle ne se détourne pour se diriger vers le lit de camp. Se penchant pour saisir un drap, elle demanda à Daniel.

- Tu veux bien m'aider ? Je n'ai jamais été très douée pour mettre les draps, avoua-t'elle, un rire dans la voix.

Il la suivit jusqu'au lit de camp, saisissant les draps afin de l'aider. Il la toisa longuement, incapable de se lasser de son adorable visage. Dans d'autres situations, cela aurait put parraître impoli, déplacé. Dans ce context, il s'en fichait. Elle avait été sincère sur ce qu'elle pensait de lui, et c'était suffisant pour que son organe vital s'affolle. Une fois son lit terminé, il s'installa desus, les coudes comme support. Un mince sourire sur son visage, il se retourna vers Ellie qui s'affairrait à autre chose.

- Je peux t'avouer quelque chose ? demanda-t-il alors.

Il s'étendit alors de tout son long sur le matelas, fixant le plafond, attendant le feu vert de la jeune fille, l'estomac tout à l'envers.

Ellissandre, après avoir fini de faire le lit en compagnie de Danny, était retournée près du sien, et s'était assise. Ouvrant le tiroir de sa table de chevet, elle farfouillait à la recherche d'un vague je ne sais quoi. Entendant la question du jeune homme, elle ne put s'empêcher de frémir. Qu'allait-il bien pouvoir lui dire qu'il lui demande la permission ? Observant le jeune homme étendu sur le petit lit de camp, elle soupira, et s'allongea à son tour sur le sien.
Remettant son T-shirt correctement, elle dégagea ensuite ses cheveux de son visage. Regardant aussi le plafond, elle entendait les gouttes d'eau qui tombait sur le toit, et au loin, la foudre qui sévissait sur Forks.
Le silence devint trop pesant pour elle, mais elle redoutait aussi ce qu'allait lui dire le jeune homme. Elle ne voulait pas être liée à un quelconque secret de mafia, ou de meurtre. Réveilles toi, pauvre fille, tu n'es pas dans un film, pensa-t'elle.

- Oui, Danny ?, demanda t'elle, la voix emplit cependant de curiosité.

Le brun inspira profondemment, se donnant du courage le plus qu'il fallait.

- Lorsque je t'ai vu cet après-midi... À la falaise. Je t'ai trouvé très intriguante. Normalement, je n'aurais pas prêté attention à d'autre personne, mais tu semblais si ailleurs que j'en ai eu des frissons. Il hésita un long moment. Mais t'es pas comme les autres, je le sens. Je ne sais pas ce qui se passe, j'ai complètement perdu la tête tout à l'heure. Je vais être franc ; t'as quelque chose de très attirant, mais je ne sais pas quoi.

Il se retourna, observant la réaction de la jeune fille. Jamais auparavant il n'avait eu l'impression de planer à des milliers de killomètres. Ça lui était égal si ce n'était pas réciproque. Il lui avait dit, c'est tout ce qui comptait.

Ellissandre, suite à cette tirade, ne put s'empêcher d'éclater de rire. Elle savait bien qu'il ne fallait pas rire en cet instant crucial, mais elle n'y pouvait rien. C'est nerveux, pensa t'elle. Se ressaisissant, elle s'assit sur son lit en tailleur, pensive. Faisant des cercles du bout des doigts sur sa couverture, elle ne savait pas quoi répondre, ce qu'elle avoua au jeune homme.

- Je... Je ne sais pas trop quoi te répondre, Danny. Il est vrai que sur certains points, je suis différente. Pour ce qui est de nos hormones : je suis une fille, tu es un garçon, je supposes que c'est normal qu'il y ait ce genre de... d'accrochage.

Durant son monologue, ses yeux gris n'avaient pas cessé de fixer Daniel. Elle ne savait pas trop où elle en était. Elle avait l'impression de n'éprouver que de l'amitié pour le jeune homme, mais comment le savoir, alors qu'elle n'a jamais été amoureuse ?

Déçu mais compréhensif, il hocha la tête. Il s'assit également en tailleur sur son petit lit et réfléchissait à quoi lui répondre. Au bout de quelques minutes de silence de plomb, il ouvrit enfin la bouche.

- Ça ne fait rien, je voulais juste que tu le saches.

Il regarda le cadran lumineux et constata qu'il commençait à se faire tard. Il se leva, tira les couvertes de son lit et s'y glissa. Il fixa la jeune fille durant quelques instants, avant de ne lui souhaiter bonne nuit. Il se retourna alors de côté, se mettant à l'aise, mais un truc l'agaçait. Il se redressa alors, déboutonnant sa chemise bleu et la laissa tomber à même le sol. Il dormirait mieux sans gilet. Une fois cela fait, il se recoucha, satisfait de sa journée.

Ellie ne sut pas trop pourquoi, mis une boule se forma dans sa gorge. Avait-elle dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? S'éclipsant quelques instants dans la salle de bain, elle revint habillée d'un bas de survêtement et d'un T-shirt plutôt ample. Elle s'allongea à son tour dans son lit, puis souhaita bonne nuit au jeune homme, tout en éteignant la lumière.

La pluie s'était apaisée, et le calme était revenu. La lumière de la lune filtrait à travers les minces rideaux, dévoilant les quelques contours des meubles de la chambre d'Ellie. Celle-ci ne parvenait pas à dormir, cherchant à savoir pourquoi le jeune homme avait paru... déçu ? Elle poussa un léger soupir, avant de se retourner dans son lit, se pelotonnant sous les couvertures.
Alors qu'elle s'endormait, elle entendit au loin un hurlement de loup. Cela la fit sourire : le membre de la meute qui était de surveillance leur souhaitait une douce nuit...