Douce Quiétude au Sommet.

Le vent soufflait beaucoup en cette journée. Ellissandre serra ses bras contre sa poitrine, et avança doucement vers le bord de la falaise. Elle évitait comme elle pouvait les pierres et autres cailloux sur lesquels elle pouvait glisser et se tordre la cheville.

Arrivée au bord du précipice, elle s'assit en tailleur, et s'adossa contre un rocher. C'était le coin où elle aimait se réfugier, pour réfléchir calmement, et pour être sûre que la jeune communauté de la Push ne viendrait pas l'embêter. Devant elle s'étendait l'océan à perte de vu. De grosses vagues se fracassaient contre les parois abruptes des falaises. Elle aimait ce spectacle, et d'ici la vue était spectaculaire.

Tirant son sac vers elle, Ellissandre sortit un calepin de dessin, ainsi que son critérium, et commença à dessiner la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Concentrée, elle n'entendit pas une personne s'approcher de l'endroit où elle se trouvait.

Danny se promenait à la Push, n'ayant rien à faire de son après-midi. La journée était plutôt venteuse, heureusement qu'il avait pensé à prendre un gilet plus chaud. Il leva alors les yeux vers la falaise et remarqua une silhouète plutôt floue, au loin. Il ne la reconnue pas immédiatement, ill se demanda franchement ce que quelqu'un pouvait bien faire à cet endroit. Surtout par ce temps. Il décida donc d'aller voir de ses propres yeux qui était cette personne, et pourquoi elle était là.

Il avait marché durant une bonne quinzaine de minutes pour se rendre du village à la Falaise. Il avançait prudemment du précipice et put remarquer qu'il s'agissait d'Ellissandre, une fille de son lycée. Il lui demanda alors ce qu'elle faisait là.

- Ellie ? Qu'est-ce que tu fais là ? Tu pourrais tomber !

La jeune fille sursauta et se retourna vers lui. Il s'excusa alors aussitôt de lui avoir fait peur.

Laissant la mine de son critérium dessiner des arcs de cercles sur la feuille désormais griffonnée, Ellissandre n'entendit pas l'approche du jeune homme.
Elle sursauta donc en entendant celui-ci lui demander ce qu'elle faisait en cet endroit. La mine de son crayon se cassa, mais elle n'en prit pas compte, se retournant plutôt pour dévisager la personne se tenant près d'elle.
Elle le reconnut de suite. Comment échapper à la réputation de quelqu'un ?

- Jones ! Ca serait plutôt à moi de te poser cette question, dit-elle avec un sourire amusé.

Le vent souffla alors fortement, et la feuille griffonnée d'Ellie lui échappa des mains et s'envola dans les airs. Se rendant compte de cela, la jeune fille se releva prestement et tenta de la rattraper. La scène aurait pu être comique si le vide des falaises n'était pas aussi proche.
Le dessin s'envolant toujours plus loin, Ellissandre se stoppa au bord du précipice et regarda avec une touche de regret son chef d'œuvre lui échappé.
Elle haussa alors les épaules et se retourna vers le jeune homme, qui avait observé la scène sans un mot.

- Vois-tu, Daniel, j'étais ici pour réaliser un dessin. J'aurais bien voulu te le montrer, mais il s'est fait la malle, déclara-t'elle en rigolant.

Voyant le chef-d'oeuvre d'Ellissandre partir au vent, il se sentir alors mal à l'aise. Son sourire s'effaca doucement, laissant place à la culpabilité.

- Pardon, ce n'était pas dans mes intentions de te faire voir ton dessin partir comme ça, s'excusa-t-il. Je passais dans le coin et je t'ai vu, ici. Je suis alors venu voir ce que tu faisais.

Il s'avança prudemment d'elle et se plaça à moins d'un mètre d'Ellissandre. Il fixait au loin, l'horizon de la mer. Il inspira profondemment l'air salé des vagues qui venaient se fracasser violemment contre les rochers. Il apprécia ce moment de tranquillité, loin de tous les regards et les salutations qu'on lui envoyait sans cesse dans les rues de Forks. Il avait beau être populaire, il avait beau aimé ça, parfois, il aimait bien se trouver seul. Ou simplement en compagnie d'une personne qui ne le voyait pas comme un dieu. Il se tourna alors vers son amie et lui adressa un sourire chaleureux.

- Tu n'as pas froid ? demanda-t-il alors qu'un frisson parcourait son propre dos jusqu'à la nuque. Il me semble que ce n'est pas le temps idéal pour se retrouver dehors.

Observant le jeune homme en silence, Ellissandre le laissa prendre conscience de la beauté de la nature en cet instant. Elle détourna un instant les yeux, lorsqu'une vague vint se fracasser contre les rochers en bas de la falaise. Le vent soufflait si fort en cet instant qu'elle ne voyait strictement plus rien à travers ses cheveux blonds. Ellie avait beau les remettre derrière son oreille, ceux-ci se remettaient immédiatement en travers de son visage.
Elle poussa alors un soupir. A quoi bon tenter d'avoir l'air présentable alors qu'on avait l'impression qu'elle venait de courir un marathon ?

Du coin de l'œil, elle vit un mouvement être amorcé. Elle se tourna donc vers Daniel, qui lui adressait en cet instant un sourire chaleureux.

- Tu n'as pas froid ? Demanda-t-il alors qu'un frisson parcourait son propre dos jusqu'à la nuque. Il me semble que ce n'est pas le temps idéal pour se retrouver dehors.

Ellissandre sourit à cette remarque. Il est vrai qu'elle ne prenait pas conscience du froid, dorénavant. Encore un mystère Quileute. Elle devait lui paraitre bien étrange, se trouvant en T-shirt et petite veste sur le haut de cette falaise. Elle esquissa un mouvement vers son sac, et commença à rassembler ses affaires.

- Non, pas vraiment. C'est le climat de Forks qui s'abat sur la Push, dit-elle avec un sourire en coin. Et puis, je ne sens pas tellement le froid. Une vraie bouillotte comme dirait ma mère, rajouta-t'elle avec un clin d'œil à l'adresse du jeune homme.

Daniel observait la jeune fille commencer à rassembler ses affaires en silence. Il se pencha alors pour l'aider. La remarque d'Ellissandre le fit sourire.

- J'espère que tu ne m'en veux pas d'avoir fait partir ton oeuvre au vent. Je m'en voudrai vraiment, avoua-t-il a la blondinette.

Les cheveux du jeune homme s'emmêlaient devant ses yeux, à cause du vent. Il les replaça mais en vain. La brise était d'une sauvagerie à laquelle on ne pouvait nul affronter. Lorsqu'elle eut terminée de remplir son sac, Daniel préféra s'écraser par terre en tailleur, afin de se détendre les jambes. Il regardait droit devant lui, vers l'endroit où l'esquisse d'Ellissandre s'était envolé quelques minutes auparavant. Il soupira bruyamment, agacé par les souffles incessants du vent. Il se retourna vers Ellissandre avec un sourire.

- Comptes-tu regarder le match de base-ball de ce soir ?

Aussi idiot que cela puisse paraître, Danny ne savait même pas pourquoi il lui avait demandé cela. Il attendit tout de même la réponse de son amie.

Tandis que le jeune homme lui tendait un de ses bouquins, il lui demanda si elle lui en voulait. Ellissandre, saisissant le livre, lui offrit un doux sourire, lui montrant qu'elle ne lui en voulait pas.
Refermant d'un geste sec la fermeture éclair de son sac, Ellie observa amusé Daniel se laisser tomber au sol, et se mettre en tailleur. Elle fit de même, s'adossant au rocher qui l'avait souvent vu ces derniers temps.
Après quelques secondes où Ellie fut partie dans ses pensées, son regard pourtant dans le vague s'accrocha sur une touche verte non loin de sa main. Reprenant ses esprits, elle passa alors ses doigts fins dans la petite touffe d'herbe, une des rares existantes en ce lieu abrupt de toute verdure.

- Comptes-tu regarder le match de base-ball de ce soir ? Lui demanda soudainement Daniel.

Relevant ses yeux gris anthracite vers le jeune homme, elle ne put s'empêcher de rire devant la question incongrue du brun. Mettant une main devant sa bouche pour se ressaisir, elle répondit tant bien que mal.

- Probablement. Mon père et mon frère en sont fans. Ils ont donc le monopole de la télévision ce soir. Sais-tu quelles équipes jouent ?

Elle demanda ceci, dans le but de savoir si la maison sera fort bruyante le soir même. Une équipe favorite gagnant risquerait de faire bien des dégâts dans ses pauvres tympans, suite aux cris des spécimens masculin de la demeure.

Ne se rappelant aucunement des équipes qui jouraient le soir-même, il répondit négativement à la blonde. Un sourire parcouru une fois de plus le jeune homme. Son esprit vagabondait sur plusieurs sujets. Notamment la partie de base-ball. Il n'avait pas encore trouvé des amis avec qui le regarder et, il faut se l'avouer, c'est toujours plus amusant accompagné que seul. Toutefois, l'idée de demander à Ellissandre si ils pouvaient l'écouter ensemble l'embarassait. Jamais il n'aurait imaginé cela, mais tenta tout de même sa chance.

- Tu sais... Je n'ai pas encore eu d'invitation pour aller l'écouter avec des amis, et je me retrouve donc seul... Je me demandais si... si...

Daniel avait de la difficulté à trouver ses mots. Il ne savait vraiment pas comment aborder cette question. Et il lui semblait ridicule de passer la soirée avec une fille qu'il, malheureusement, n'avait pas encore eu l'occasion de connaître d'avantage. Ils se croisaient de temps à autres dans les corridors, dans les cours, mais ils ne s'adressaient que de simples Bonjour ! par pure politesse. Du moins, c'était son cas à lui. Mais il voulait tout de même aprendre à la connaître. C'est pourquoi il se relança dans sa quête.

- Je me demandais si ça t'intéresserait que l'on passe la soirée ensembles ? Pour écouter le match, s'entend.

Il expira profondemment. Satisfait d'avoir enfin pu lui sortir ces quelques mots. Soudain, une idée tordue lui passa par la tête. « Et si elle croyait que j'essayais de la draguer ? N'importe quoi ! Mais qu'est-ce que tu t'imagines là, mon vieux. T'es tombé sur la caboche ou quoi. »

Suite à la requête de Jones, Ellissandre ne dit mot. Elle l'observa quelques secondes, fixant les traits de son visage. Celui-ci semblait en proie à des confusions internes et mentales. Détachant son regard du jeune homme, elle s'intéressa à la mer, qui était en pleine tempête. Les vagues arrivaient les unes après les autres, se fracassant contre les parois de la falaise.
Ramenant ses jambes contre son elle, elle les entoura de ses bras. Posant son menton contre ses genoux, Ellie réfléchissait. Quelle étrange suggestion était celle de Daniel ! Ils se connaissaient si peu. Certes, cela serait une occasion de faire connaissance, et de peut-être découvrir quelqu'un d'autres que ce boute-en-train du lycée. Choisissant d'accepter, Ellissandre fit part d'une remarque qui la taraudait.

- C'est tout de même singulier de me demander à moi... Une quasi-inconnue, dit-elle dans un souffle.

Ne se préoccupant pas de savoir si le jeune homme l'avait entendu, elle tourna son visage vers Daniel, et déclara, d'un ton amusé.

- Mais pourquoi pas ? Cela peut-être intéressant.

Le rythme cardiaque du garçon doubla d'intensité. Il attendait toujours sa réponse, lorsque la jeune fille reserra ses bras autour de ses genoux. Elle semblait réfléchir, et Daniel eu peur un instant qu'elle ne refuse son invitation. Surtout parce qu'ils étaient presque inconnus à l'autre. Mais il se détendit lorsqu'elle admit que ça pourrait être intéressant. Il se surprit même à lui sourire une fois de plus, mais sans montrer ses dents cette fois-ci. Il profita juste de ce moment de silence pour reporter son attention sur la mer, lui aussi.

Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, voir peut-être une demi heure. Ou plus, qui sait. Il n'avait pas de montre, mais s'en fichait bien. Le bruit fracassant des vagues l'appaisait et il ne ressentait pas l'obligation de devoir dire quelque chose en la présence de l'adolescente qui se trouvait à quelques centimètres de lui.

Ce n'est que lorsque quelques petites gouttes se mirent à tomber sur son visage qu'il sembla soudainement prendre conscience du temps. Il avait été trop occupé à réfléchir, à méditer. La température se rafraichissait encore plus que tout à l'heure, et il frotta ses bras à l'aide de ses mains. Il se retourna vers Ellissandre.

- Je devrais peut-être songer à rentrer, lui dit-il en se levant. Au fait, ce sera Seattle contre Port Angeles. Tu préfères que l'on écoute la partie chez vous ou chez moi ?

Suivant le jeune homme dans son geste, Ellissandre se leva. Elle s'épousseta, puis se baissa pour prendre son sac par la lanière. C'est seulement à cet instant qu'elle prit conscience de la pluie qui tombait. Elle leva son visage vers le ciel gris, nuages amoncelés au-dessus de la Push. Quelques gouttes tombèrent sur son visage, la rafraichissant un peu.
Soupirant, elle retourna son regard vers Daniel, répondant à sa question.

- Tu peux venir chez moi. Mon père et mon frère seront heureux de pouvoir avoir un nouvel avis sur les équipes.

Ellissandre sourit au jeune homme, puis, pensant à quelques chose, farfouilla rapidement dans son sac, à la recherche d'un bout de papier et d'un stylo. Trouvant ces précieux éléments, elle y inscrivit rapidement son adresse, puis, lorsque cela fut fait, tendit le bout de papier à Jones, attendant que celui-ci le saisisse.

Danny s'empara du bout de papier et la remecria d'un sourire. Ils s'éloignèrent tranquillement du précipice, se rapprochant plutôt de la route. Il fourra l'adresse d'Ellissandre dans les poches de son jeans, et remonta la fermeture éclaire de son sweat-shirt Volcom. Ils regagnèrent le village de la Push en silence. Il se risquait parfois à jeter de petits coups d'oeil à la blonde, drant le trajet. Il s'approcha de sa voiture et s'acôta sur le pare-brise et fit face à Ellie.

- Je serai là pour 19h, ça te va ? demanda-t-il.

Elle acquissa et il se releva, se dirigeant vers la portière. Il l'ouvrit et s'engouffra dans la voiture avant de saisirà son tour un papier et un crayon qui traînaient dans le coffre à gant. Il inscrit également quelque chose dessus, puis resortit dehors, afin de le donner à sa nouvelle amie. Il lui tendit et attendit qu'elle le prenne.

- C'est mon numéro de portable... Tu peux me téléphoner n'importe quand, au cas où il y ait un problème. Même à 3h du matin, s'esclaffa-t-il. Et encore pardon pour ton dessin ! ajouta-t-il avant de mettre le contact.

Ellissandre sourit face à la remarque du jeune homme. Elle pensa que en cas de problème, elle pouvait suffisamment se protéger elle-même. Juste une petite transformation et le tour est joué. Cependant, elle n'en dit rien et, saisissant le papier sur lequel était inscrit le numéro de téléphone, elle le remercia.

- Merci beaucoup, Jones. Ne me tentes pas, je peux être très sadique et appeler vers 3h rien que pour des broutilles.

Ellie s'esclaffa à son tour et s'éloigna en reculant de la voiture, voyant que le jeune lycéen mettait en route le contact.

- Ce n'est rien, j'en ferai d'autres. A ce soir, ajouta t’elle.

Elle s'arrêta à une distance raisonnable de la voiture, et fit un dernier geste de la main tandis que Daniel passait une vitesse.

Le jeune homme s'éloignit de la Push à une vitesse constante. Son sourire s'élargit lorsqu'il saisit l'adresse de la jeune fille. Il se sentait étrangement bien, sur son nuage. Parlant de nuages, ceux dans le ciel pleuraient tellement fort que Daniel dut mettre en marche ses essuie-glace afin d'y voir clair. Pourquoi était-il si impatient à cette soirée ? Il n'en avait absolument aucune idée, mais il sentait que ce serait bien, que ce serait différent d'avec ses potes à lui.

Il secoua la tête, afin de tasser ses cheveux de son visage, et regarda dans le rétroviseur. Il venait de passer la frontière qui séparait Forks et la Push. Il avait hâte. Dans quelques heures, il reviendrait à cet endroit pour écouter le match de base-ball avec Ellissandre. Pourtant, encore une fois, son esprit se mit à fonctionner beaucoup trop rapidement. Plusieurs questions se mélangèrent dans sa tête, à laquelles aucunes n'avaient de réponses. Notamment la suivante ; Qu'est-ce que diraient les élèves du lycée s'ils venaient à l'apprendre ? Après plusieurs minutes de réflexion et un stupide mal de tête, il en vint à une seule réponse. Il s'en fichait éperdument.

[ ... ]

Dans sa voiture, Danny se fixait attentivement dans son rétroviseur. Il replaça les quelques mèches de cheveux qui lui retombaient dans les yeux, réajusta sa veste sur ses épaules et s'assura qu'il était à la bonne adresse. Pourtant, il était difficile de se tromper. Il prit une grande inspiration et ouvrit finalement la portière et sortit de la voiture. Chaque pas qu'il faisait en direction de la maison d'Ellissandre, son rythme cardiaque accélèrait. Au bout de quelques secondes, il appuya sur la sonnette et attendit que quelqu'un vint lui ouvrir. En la voyant lui ouvrir, il lui adressa un énorme sourire.

- Salut Ellie ! J'ai emmené des chips ! dit-il en brandissant un sac de chips qui n'était pas encore ouvert.

En rentrant des falaises, où elle avait passé un peu de temps avec Daniel, Ellissandre s'était changée, car elle était arrivée complètement trempée. Elle avait remit un jean et un T-shirt blanc, puis était descendue dans la cuisine, aidant sa mère pour le repas. Dans sa tête se bousculaient quelques appréhensions, à propos de la soirée qui se profilait.

Durant le repas, Ellissandre annonça qu'elle avait invité un ami pour qu’il regarde le match avec eux. "Plus on est de fous, plus on rit", avait répondu son père en s’esclaffant, tandis que son frère avait regardé étrangement la jeune fille, avec un sourire narquois. S'apprêtant à ouvrir la bouche, Ellie prévu le coup et lui donna un coup de pied sous la table. Kylian s'exclama un "Héé" d'indignation, mais un sourire innocent d'Ellie le fit taire, sachant qu'ils en reparleraient surement plus tard.

Peu après le repas fini, tandis que son père et son frère s'installaient dans le salon, un coup de sonnette retentit, et la jeune lycéenne alla répondre, se doutant de la personne se trouvant derrière la porte. En l'ouvrant, elle découvrit un Jones, un grand sourire aux lèvres.

- Salut Ellie ! J'ai emmené des chips ! dit-il en brandissant un sac de chips qui n'était pas encore ouvert.

Ellissandre ne put que répondre au sourire et aux yeux rieurs de Daniel. Sa joie et sa bonne humeur étaient contagieuse. Se poussant du passage, elle lui répondit.

- On n'attendait plus que toi. Le match ne va pas tarder à commencer. Veux-tu que je te débarrasse de ta veste ? l'interrogea-t'elle, pendant que le jeune homme était entré dans le hall et qu'elle refermait la porte.

En entrant dans la maison, il tendit simplement les chips à Ellissandre. Il ôta sa veste, se retrouvant en chemise bleue océan qui se mariait à ravir avec ses yeux.

- C'est gentil, merci, dit-il en lui tendant sa veste.

Il reprit le sac dans en sa possession, afin de débarasser les bras de la jeune fille. Il attendit qu'elle le rangea dans le placard et la suivit jusqu'au salon. Il retroussa les manches de sa chemise jusqu'au coude. La température de la maison était différente de celle de l'extérieur. Lorsqu'ils entrèrent dans le salon, toute la famille était là pour écouter le match. Il lança un regard à Ellissandre, attendant qu'elle fasse les présentations. Il adressa un chaleureux souire à tout le monde et restait droit comme un piquet, ne sachant pas où se mettre.

Ellissandre lança un sourire amusé à Daniel, voyant que celui-ci ne savait pas trop où se mettre. Se tournant vers sa famille, elle commença à faire les présentations.

- Alors, voici Daniel, un ami avec qui j'ai passé mon après-midi aujourd'hui.

Puis, se retournant vers le jeune homme, elle pointa du doigt deux personnes assises sur le canapé : un homme brun, débonnaire, aux environs de la cinquantaine, possédant des cheveux bruns, ainsi qu'une petite moustache. A ses côtés, une femme blonde, plus jeune, qui paraissait plus introvertie que son mari.

- Daniel, voici mes parents, Stepan et Agathe Mc'Owen.

Ellissandre observa du coin de l'œil Daniel dire quelques formalités à ses paternels. Il était élégant, avec sa chemise qui mettait en avant ses yeux bleus. Elle ne s'était jamais rendu compte que Jones puisse être aussi beau. Non que celui-ci ne le soit pas tous les jours, mais plutôt parce qu'elle ne prêtait pas attention aux garçons du lycée.
Alors qu'elle restait silencieuse, un voix retentit soudainement dans la pièce, narquois.

- Et on ne me présente pas ?

Ellissandre poussa un soupir, et tourna la tête vers l'encadrement de la porte menant à la cuisine. Un jeune homme d'une vingtaine d'années y était adossé. Ses cheveux auburn encadraient son visage, où deux yeux gris, marque de fabrique des enfants Mc'Owen, en ressortaient, perçants. Malgré cette couleur glaciale, les yeux du nouvel arrivant étaient chaleureux.

- Daniel, voici Kylian, mon frère, celui qui me saoule non-stop et qui en est fier, déclara-t'elle, amusée.

Il se retourna également en direction d'où le regard d'Ellissandre était porté et constata qu'il sagissait de son frère. La ressemblance était plutôt étonnante. Ils avaient les mêmes yeux gris. Il salua timidement tous les membres de la famille.

- Tu peux m'appeler Danny, s'il te plait ? ... Daniel j'aime pas, avoua-t-il avec un sourire charmant.

Il attendit que la jeune fille s'installe sur le fauteuil avant de s'y asseoir à son tour. Il déposa le sac de chips qu'il tenait toujours dans ses mains sur la table basse du salon et l'ouvrit. Durant les dix premières minutes, il sembla pris d'une nervosité totale, mais se détendit au fur et à mesure. Il s'acôta complètement au dossier et passa son bras droit par dessus les épaules d'Ellissandre, se mettant à l'aise. De temps à autres, il criait avec les membres de la famille de son amie, lorsque son équipe favorite marquait des points. À quelques reprises, il posait son regard sur elle, au lieu de la partie, mais revenait aussitôt à la réalité lorsque des cris se faisaient entendre. Il s'étonnait parfois à garder son regard sur elle durant plus de deux minutes. Il s'étonnait à la trouver plutôt belle. Il ne l'avait jamais regardé d'aussi proche, et ça le troublait.

Ellissandre lui fit un sourire, signe de son affirmation quant à l'appellation par son surnom.
Elle se laissa tomber dans un fauteuil, voyant que le match de base-ball commençait. Elle sentit le fauteuil s'affaisser à ses côtés lorsque Danny s'assit à ses côtés. Elle constata que celui-ci restait un peu nerveux, mais dès les premières minutes de jeu, il se détendit et s'accota au dossier. Ellie fut cependant surprise lorsqu'il passa son bras par-dessus ses épaules. Elle n'en fit cependant aucune remarque, se concentrant sur ce qui se déroulait à la télévision.

De temps en temps, elle sentait un regard qui lui brulait la nuque. Tentant de faire comme si de rien n'était, Ellie continuait à suivre les frasques de leur équipe favorite, n'hésitant pas à montrer sa joie ou sa déception suivant qui marquait les points ou rattrapait la balle. Cependant, un certain moment, n'y tenant plus des regards du jeune homme, elle se tourna vers lui alors que celui-ci la regardait.

- Tout va bien, Danny ? Demanda-t’elle, un sourire aux lèvres.

Voyant le sourire de la jeune fille, il lui répondit timidement.

- Oui, excuse-moi... Je... Je pensais à quelque chose...

Il secoua la tête comme un chien mouillé afin de faire sortir ces idées-là. Il reporta son attention sur la game, même si les yeux gris d'Ellissandre restèrent longtemps sur Danny, comme si elle tentait de le comprendre. Au bout de quelques heures, ses paupieres tentaient de se fermer par elles-mêmes. Il lutta contre le sommeil, mais autant avoir un bateau à moteur sans moteur. Il se tourna vers Ellissandre :

- Je crois que j'devrais rentrer, mes yeux se ferment tout seuls! Tu m'diras les résultats demain à l'école... J'suis vraiment trop crevé...

Se tournant vers Danny, Ellissandre se rendit compte de la petite mine de celui-ci.

- Oh, je vois, dit-elle, amusée.

Elle se leva du fauteuil et s'étira comme un félin. Puis, posant le regard sur Daniel, elle déclara.

- Je t'accompagne jusqu’à la porte.

Le jeune homme acquiesça, et se leva à son tour, suivant Ellie jusque dans le hall, après avoir salué les membres de la famille Mc'Owen. Ouvrant la porte de la penderie où elle avait accroché la veste du lycéen, elle entendit un bâillement. Un sourire aux lèvres, Ellie se retourna pour faire face à Danny. Lui tendant sa veste, elle l'observa. Il avait eut une étrange réaction durant le match de base-ball. A quoi pouvait-il bien penser qui lui fasse se désintéresser de la télévision ?
Tandis que le jeune homme enfilait sa veste, Ellissandre posa la main sur la poignée de la porte.

- Tu es complètement crevé. Tu es sûr que ça ira sur la route ? Demanda-t’elle, un soupçon d’inquiétude dans la voix.

En imittant la lycéenne, il se leva, diffidiclement, et salua tous les membres. Il suivit ensuite Ellissandre jusqu'au hall, où elle sortit la veste de Danny dans la penderie. Il la saisit et l'enfila silencieusement. La main sur la poignée, elle se retourna vers le jeune homme en lui demandant s'il serait en état de conduire. Il cligna des yeux puis releva la tête. Un sourire en coin s'affichait sur son visage et il passa une main dans ses cheveux en s'étirant tous les muscles.

- Et si je te disais non, qu'est-ce qui arriverait ? demanda-t-il en posant son regard dans celui de la petite blonde.

Il la dépassait d'une vingtaine de centimètres et observait chaque détails de son visage. Particulièrement ses yeux, qu'il trouvait étonnemment magnifique. Il attendit une réponse avant de ne décrocher son regard de la blonde. Il baissa les yeux et se mordit la lèvre inférieur en soupirant. Serait-il plus raisonnable de quitter les lieux ou, au contraire, de rester ? Il douta lui-même de la réponse avant qu'il ne porte son attention sur l'extérieur de la maison.

La pluie incessante s'abattait contre le sol avec une telle violence que Daniel fut parcouru d'un frisson. Le martèlement des gouttes d'eau contre le pare-brise seraient probablement assez violentes pour le tenir éveillé durant la route. Mais c'était incertain. Il se retourna vers Ellissandre, cherchant la réponse désespéremment dans son regard.

Ellissandre s'adossa et regarda par la fenêtre la pluie qui battait à tout rompre, ne laissant percevoir qu'à deux mètres devant soi. Elle n'avait pas tout de suite répondu au jeune homme, ne sachant quoi répondre. Sa question était sortie toute seule, sans qu'elle ne s'en rende compte. Et le fait que Danny lui réponde par une autre question la troublait. Elle n'était pas tellement habituée aux détournements, préférant le direct aux contournements.
Reposant son regard anthracite sur le jeune homme, Ellie ouvrit une première fois la bouche, mais la referma aussitôt. Elle fronça les sourcils, passa une main dans ses cheveux pour les remettre en arrière, puis se décida.

- Je suppose que je te demanderais de rester, histoire que tu ne t'encastres pas dans un arbre situé au bord de la route, avoua-t'elle, observant le visage de Danny.

Cherchant une quelconque impression sur le visage du lycéen, le regard d'Ellie fut vite détourné par une vive lueur provenant de l'extérieur, mais le temps de tourner la tête, un grondement sourd se fit entendre, et l'onde du tonnerre ébranla et secoua la maison.
Se détachant de la porte, Ellie alla coller son visage à la fenêtre, attendant un autre éclair, mais aussi inconsciemment une parole du jeune homme.

Il songea à la réponse que lui avait donné la fille avant qu'un éclat lumineux se fasse à l'extérieur. Ellie se colla à la fenêtre, regardant dehors, et le jeune homme se dit qu'il n'avait pas le choix.

... Ou que je ne me fasse frapper par la foudre, ajouta-t-il. J'imagine qu'il n'y a pas d'autre solution.

L'adolescent posa une dernière fois son regard sur la jeune fille avant de retirer sa veste et de la replacer lui-même dans le garde-robe. Il saisit alors son portable qui s trouvait dans la poche arrière de son jeans noir et composa le numéro de chez lui.

Ça ne répond pas... J'imagine qu'il y a une panne de courant par là-bas ou bien qu'ils sont trop absorbé par le match. Je réessairai peut-être plus tard, annonça-t-il à Ellissandre en raccrochant.

Son coeur s'affolla pour une énième fois de la journée. Il se demandait où il dormirait, et s'il serait en état de dormir, vu son excitement. Il se mordit la lèvre inférieur avant de sourire maladroitement à son amie. Il ne savait absolument pas si les parents d'Ellissandre seraient d'accord, et, il faut l'avouer, il s'en inquiéta plus qu'autres choses. Qu'est-ce qu'ils croiraient si un presque inconnu avait à dormir dans leur maison ?

Ellissandre se décolla de la fenêtre et observa Daniel composer un numéro sur son portable. Lorsqu'il raccrocha et qu'il annonça que personne ne répondait, elle sourit, déclarant.

- Et bien, nous n'avons plus qu'à te faire un lit.

Contournant le jeune homme pour se diriger vers les placards sous l'escalier, Ellissandre sentit bien que le jeune homme était gêné de s'imposer un peu comme cela. Ouvrant le placard, Ellie s'accroupit, puis tourna la tête vers Danny, qui n'avait pas bougé d'un centimètre.

- Mes parents ne te laisseraient pas dormir dans ta voiture. Et ma mère, toujours soucieuse, aurait peur qu'il ne t'arrive quelque chose sur la route, même si elle te connait à peine, avança t'elle.

Puis, voyant un mince sourire se dessiner sur le visage parfait de Da... Elle avait pensé parfait ? Face à ce constat, Ellie se claqua mentalement. Quatre heures de sommeil en moins et elle n'arrivait plus à penser correctement. Il fallait vraiment qu'elle récupère ces heures qu'elle avait effectué en ronde la nuit.
Bref, voyant un mince sourire se dessiner sur le visage de Daniel, Ellissandre s'esclaffa, les yeux rieurs.

- Tu es mon invité. Il n'y a aucune raison à ce que ma famille te jette dehors dès la soirée finie.

Se relevant, les bras chargés de draps d'une personne ainsi que d'une couverture, Ellie referma d'un coup de pied le placard. Faisant un signe de la tête à Daniel pour qu'il la suive, elle se dirigea vers l'escalier. Passant devant le salon, elle déclara d'un ton assuré "Danny dort ici." avant d'entamer les marches.