[Rpg] Journée au lycée de Forks.

Ce matin là, le brouillard était tombé, plongeant toutes les maisons alentour dans un flou total. Milla fila vite dans la salle de bain, consciente d'être une fois de plus en retard. Comme à son habitude, elle prit une douche glacée et se brossa rapidement les dents, songeuse. Fin prête, elle sortit de la maison.
L'humidité de l'air lui signala qu'il n'allait pas tarder à pleuvoir sur Forks et la jeune fille en fût ravie. Une fois assise dans sa petite voiture d'occasion, elle mit le contact. Le brusque rugissement du moteur perça le silence qui régnait jusqu'alors dans le quartier, réveillant au passage quelques voisins mécontents. Appuyant sur l'accélérateur, elle prit le chemin du lycée.

Les arbres qui bordaient la route défilaient à une allure folle. La voiture frôlait les 16o km/h mais peut importait à Milla d'avoir un accident. Après tout .. elle était immortelle, non ?

Elle ne tarda pas à arriver au parking de l'école. Il ne restait plus qu'une place libre, a côté d'une rutilante Volvo Argent. Milla fût donc contrainte de s'y garer.
Tout en coupant le contact, elle réfléchit à la journée qui l'attendait. Quelqu'un la tira cependant de ses pensées en frappant doucement à sa vitre.

Se relevant, Ellie s'épousseta la main qu'elle avait posée à un certain moment par terre.
Un sourire aux lèvres, elle se tourna vers la jeune fille et lui répondit :

- Moi, c'est Ellie, enfin... Ellissandre. C'est fort possible que tu ne m'ais jamais vu, je traine pas souvent à Forks, préférant la Push. Et toi, comment t'appelles-tu ?

Tout en disant cela, Ellissandre avait remis en place son foulard, qu'elle portait par-dessus son T-shirt violet, sur lequel était marqué "Ur So Gay". Quelle crise s'était passée à la maison lorsque Ellie avait montré ses emplettes à ses parents. Cette phrase n'avait pas été au goût de son père. Cependant, à force de cajoleries et de "je t'aime Papa", celui-ci avait cédé et décidé qu'elle pouvait le mettre. Ellissandre sourit intérieurement face à ce souvenir de persuasion.

Lorsque retentit la sonnerie, Ellissandre tourna la tête vers l'entrée du lycée, et observa un instant les élèves qui rentraient dans le bâtiment principal.
Puis son attention revenue à la dénommée Milla, elle réfléchit quelques secondes et un grand sourire illumina son visage.

- J'ai 2 heures d'histoire de l'art. Et toi ? Si ce n'est pas trop loin, on pourra s'y rendre ensemble.

Ellie attendit, scrutant la réponse de la jolie lycéenne, bien que dégageant une odeur qu'Ellie avait appris à connaitre.

Regardant autour d'elle, Ellissandre émit un soupir.

- Je ne comprends pas qu'ils soient si heureux d'aller en cours..

Prenant l'aile gauche du bâtiment, le flux d'élève fut moins impressionnant, et les deux jeunes filles purent marcher tranquillement sans se faire bousculer. Cherchant désespérément un sujet de conversation, Ellie demanda :

- Où habites-tu ?

Elle avait posé cette question négligemment, et elle la trouva fort stupide lorsqu'elle sortit de sa bouche Cependant, il était trop tard, il n'y avait pas de marche arrière possible.
Pas comme dans les films, malheureusement, pensa-t-elle.

Ellissandre sourit devant la sincérité de Milla à propos de l'endroit où elle vivait.
Remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, ce fut au tour d'Ellie de répondre.

- J'habite à la Push. Et je n'y vis pas seule comme toi, même si parfois, je l'aimerai. Il y a mes parents, ainsi que mon frère.

Ellie se tût, observant en silence les gens qui se collaient aux radiateurs pour tenter de se réchauffer. Elle devait leur paraitre bien étrange à être en T-shirt.
La jeune fille blonde haussa les épaules, par réflexe à sa réflexion intérieure.

Arrivant devant la salle d'histoire de l'art, Ellissandre s'arrêta et s'adossa au mur, avant de déclarer.

- Merci beaucoup de m'avoir accompagnée. J'espère que tu n'arriveras pas trop en retard à ton fabuleux cours de maths, dit-elle en rigolant devant la moue enfantine que faisait en cet instant Milla.

Ellissandre, après avoir salué une dernière fois la jeune fille, était rentrée dans la salle d'histoire de l'art. Peu de monde était présent. Ce qui était tout à fait normal, vu que la prof arrivait presque toujours avec une bonne dizaine de minutes en retard. Ce qui permettait à ses élèves de prendre leur temps pour arriver, bien qu'il fut plus judicieux d'arriver à l'heure, au cas où, miracle, la prof arriverait à l'heure.
Le regard d'Ellie parcourra la salle, et se posa sur une masse affalée sur une table, des cheveux bruns cachant un peu les traits. Souriante, elle s'avança jusqu'à la table. Arrivée, elle ne put s'empêcher de s'exclamer.

- Jones !

Ledit Jones sursauta et posa son regard encore un peu vague sur la jeune fille blonde se tenant devant lui. Ellissandre ne put s'empêcher d'éclater de rire face à la tête d'endormi que faisait en cet instant son camarade.

- Pas assez dormi, Danny ? Demanda-t’elle, tandis qu'elle s'installait à une table adjacente.

Repoussant sa chaise d'un geste de la main, Ellissandre s'installa, croisant les jambes et s'adossant au montant métallique. Elle observa un instant le jeune homme en train de griffonner sur ses feuilles. Lorsqu'il releva le regard de ses exercices, posant ses iris bleus sur Ellie, il la questionna sur sa nuit.

- Oh... Relativement bien, dit-elle, faisant un geste vague de la main.

Mais ce n'était pas tout à fait la vérité. Elle avait passé une partie de sa nuit à rôder dans les bois, sous sa forme canine, surveillant les environs de la Push comme jamais. Les tours de garde la nuit n'étaient pas vraiment son fort, et la laissait exténuée le matin, mais cela ne se percevait quasiment pas. Et puis, une fois par semaine, ça n'allait pas la tuer.
Tandis qu'elle était perdue dans ses pensées, elle ne se rendit pas compte que le jeune homme l'observait, un regard en coin.

Reprenant ses esprits, Ellie sortit de sa trousse son critérium, puis une feuille blanche de son sac, et commença à esquisser un visage, insouciante, mais un sourire aux lèvres, comme toujours.

Ellissandre, sentant une bouffée d'air sur son visage, releva la tête et vit que l'enseignant état arrivé. Prenant des feuilles vierges, elle les disposa de façon à pouvoir continuer de dessiner.

Le temps lui paraissait bien long, notant parfois les paroles de l'enseignant sur une feuille de cours. De temps à autres, elle faisait semblant de s'intéresser, histoire de ne pas se faire interroger par surprise. Ca lui était déjà arrivé et elle n'avait pas totalement apprécié, pas par la gêne d'être prise en flagrant délit, plutôt par le fait que la question posée l'avait coupée dans un élan d'inventivité.

Une vingtaine de minute passèrent encore, et l'envie de se taper le front contre la table était de plus en plus présente dans l'esprit d'Ellissandre. Vivement la fin, pensa-t'elle.
Tournant la tête, elle jeta un œil à ce que faisait son voisin. Elle sourit en constatant que celui-ci n'était pas plus intéressé qu'elle par le cours, préférant les textos aux prises de notes. Déchirant un bout de papier sur une feuille de brouillon, Ellie griffonna quelques mots dessus et le lança sur la table du jeune homme.

De quoi parle t'on depuis le début de l'heure ? y était inscrit.

Ellissandre, complètement avachie sur sa table, n'essayait même plus de suivre le cours. Il est vrai que la séquence qu'ils faisaient en ce moment n'était pas des plus intéressantes, et elle se voyait mal finir sa nuit en classe. Elle n'aimait pas ce sentiment d'impuissance que les personnes ont en dormant. Se redressant et s'appuyant contre le dossier, Ellie saisit les multiples dessins qu'elle avait réalisé depuis le début du cours. Soupirant, elle rangea la plupart dans sa pochette, sauf un. Saisissant un crayon de papier, elle griffonna une signature en bas à droite, puis le rangea avec ses compères.

Jetant un œil aux alentours de la classe, tout aussi endormie qu'elle sauf quelques personnes placées devant le bureau de l'enseignant, elle eut une idée qui lui parut très bonne sur le moment, prête à tout pour se sortir de ce cauchemar.

Se levant brusquement, la chaise d'Ellie racla le sol dans un bruit épouvantable. En même temps, la jeune fille demanda à l'enseignant, comme si sa vie en dépendait.

- M'dame, je peux aller à l'infirmerie ?

Tout en disant cela, elle s'était tenue le ventre, simulant un mal. La prof acquiesça et demanda à la volée qui pouvait accompagner la jeune fille.

Ellissandre eut un sourire discret en remarquant que son voisin avait de suite céder à la tentation de sortir de cet enfer.
Sortant de la salle, Ellie faisait mine de se laisser guider par le jeune homme. Après avoir la certitude que la prof ne les voient plus, la lycéenne se permit de sourire, un air heureux sur le visage. Enfin la liberté ! Pensa-t’elle. Mais son esprit fut bien vite détourné par le cheminement de la main de Daniel. Observant le brun du coin de l'œil, elle remarqua que celui-ci était perdu dans ses pensées.

Décidant de réagir et de s'éloigner de la salle maudite, Ellissandre prit la main du jeune homme qui était au creux de ses reins et commença à avancer, entrainant avec elle Daniel.

- Et bien, Jones, quelle ferveur pour sécher les cours ! Plaisanta-t’elle, pour rompre le silence.

Ellissandre, de sa main libre, tenta vainement de se recoiffer. Pas qu'elle soit maniaque, mais plutôt, elle aimait être présentable face aux gens. Toutefois, cela l'amuserait de voir la tête des lycéens lorsqu'elle sortirait du bâtiment, totalement débraillée, tenant la main de Daniel. Un sourire vint alors sur son visage. Elle était consciente de sa laisser dominer, mener par le jeune homme. En temps normal, elle n'aurait pas supportée, préférant sa liberté à tout autre chose. Mais en cet instant, peu lui importait : elle ne sentait que la main du brun dans la sienne.

Lorsque deux de ses neurones parvinrent enfin à se connecter ensembles, elle lâcha Daniel, et, sans faire attention aux protestations du jeune homme, réalisa où ils se trouvaient. Elle n'appréciait guère la forêt de Forks, terrain de chasse favori des vampires de la région.

Un frisson lui parcourut l'échine tandis qu'elle observait les environs. Elle n'en laissa toutefois rien paraître et se retourna vers le jeune homme. Un sourire était sur son visage en cet instant, et Ellie ne put que le suivre dans cet air joyeux.

- Pourquoi m'as-tu emmené ici ? Demanda t’elle, toutefois soucieuse.