Qui sait ? Peut-être qu'un jour... [Milla&Maxxie]

Il était 22h00. La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà. La plupart des gens étaient rentrés chez eux, surtout à cette période de l'année, où le froid accompagnait la noirceur du ciel. Dans le parc, quelques seaux trainaient dans le bac à sable, seul vestige du passage d'enfants dans l'après-midi. Les balançoires se balançaient au gré du vent. Toutes sauf une, occupée par un jeune homme, emmitouflé dans sa veste, un bonnet, une écharpe et des gants noirs le protégeant du froid. Du bout des pieds, il se balançait, mais il semblait complètement déconnecté de la réalité. Si nous étions dans son esprit, nous aurions appris qu'il se remémorait ces 8 années dans un autre pays, à la période la plus difficile de sa vie. Bien qu'il ne veuille jamais y penser, ces souvenirs revenaient le hanter plus souvent qu'il ne le désirait.

Sortant de sa torpeur, il ramassa du bout des doigts un caillou, qu'il lança de toutes ses forces droit devant lui, en imaginant qu'il jetait ainsi ses cauchemars. Il ne fut cependant totalement réveillé que quand il entendit un bruit provenant de l'endroit supposé où avait atterri la pierre.

Il ne s'attendait pas du tout à voir surgir une fille de derrière ce buisson. Il la regardait, hébété. Une aussi jolie fille ne devait-elle pas craindre pour sa peau le soir ? Se reprenant, il s'aperçut que la jeune fille n'était pas chaudement vêtue, ce qui l'intrigua. Craignant tomber sur une folle, ou encore une suicidaire, Maxxie ne put s'empêcher de rire. Quelle soirée ! Pensa t'il. A la tête incrédule de la jeune fille, le blond se reprit, tout en continuant de se balancer.

- Excusez-moi. Je ne riais pas de vous, seulement de moi-même et de ma vie, avoua-t'il, avant de replonger dans ses pensées.

La jeune fille se détendit, puis eut un petit sourire, avant de parler.

Suite à la tirade de la jeune fille, il ne put s'empêcher de rire à nouveau. Cette fois, c'est moi qui passe pour fou, pensa-t'il. Reprenant un temps soit peu son sérieux, il observa la personne se tenant en face de lui, un petit sourire au coin des lèvres.

- Sachez que si j'avais sût que vous étiez là-bas, je n'aurais pas lancé ce caillou. Toutefois, quiconque aurait été dans ma position aurait jeté cette pierre, ne se doutant pas le moins du monde qu'une sublime fille, par un soir si froid, serait venue lui faire la morale, acheva t'il, le visage fermé de toute émotion.

La jeune fille n'avait pas bougé d'un pouce durant ses paroles, le fixant intensément. Le jeune blond soutint son regard, une lueur de défi dans ses prunelles. Ce n'était vraiment pas le soir où il fallait le pousser à bout...
Baissant la tête et fermant les yeux, il respira un bon coup avant de regarder à nouveau la demoiselle, essayant de paraitre plus aimable.

Voyant la jeune fille tourner la tête, comme blessée par ses paroles, Maxxie ne put réprimer un gémissement. Il abaissa la tête, et ferma ses yeux.

- Et merde, jura-t'il, comme toujours, dans la langue de Baudelaire.

Pourquoi est-ce que c'était toujours spontané et franc chez lui ? Il ne se rendait compte de l'impact de ses paroles qu'après les avoir dises. Maxxie, se sentant mal, releva son doux visage vers la jeune fille, qui n'avait bougé, telle une statue.
Se levant de sa balançoire, il fit un pas vers la jeune fille. Le bruit de chaine que produisit la balançoire fit tourner la tête de la fille, qui le regarda franchement.
Maximillian, se sentant encore plus maladroit face à l'assurance de la personne se tenant face à lui, ne put s'empêcher de rougir, ce qui, il l'espéra, ne se voyait pas dans la nuit.

- Excusez-moi, je suis un imbécile, avoua t'il, dans un souffle. Je ne vous connais même pas et je vous agresse verbalement. J'espère vous avoir offensé le moins possible.

"

« Maximillian Oliver. Et toi ? »

Puis, s’avisant de la voix tremblotante qu’avait eu la jeune fille, il ne put s’empêcher de demander « Tu as froid ? », d’une voix un peu inquiète. Même s’il la connaissait à peine, il n’aimait pas rendre malade des gens, bien que ce soit involontaire. Soupirant, il retourna s’asseoir sur la balançoire qu’il venait à peine de quitter et commença à faire des mouvements de jambes, faisant ainsi mouvoir son perchoir.

"

« Tu me rappelles une amie que j’avais en France » déclara t’il, d’une petite voix.

Se rendant compte qu’il observait peut-être trop fixement la jeune fille, Maxxie détourna le visage, et accentua ses mouvements de balanciers avec les jambes, montant plus haut. Il se souvenait vaguement de l’époque où il trainait dans ce parc avec Ellie, jouant comme des fous dans le bac à sable ou sur les autres attractions. Le vent s’engouffra dans son cou, dénudé suite à la chute de l’écharpe sur le sol. Il eut un léger frisson mais n’en fit rien paraître, et il ne put s’empêcher d’éclater de rire lorsqu’il sauta de la balançoire, alors que celle-ci était au plus haut point. La vie lui paraissait facile, en cet instant, bien qu’il fut avec une totale inconnue, qui le prenait surement pour un fou suite à ce qu’il venait de faire.

Saisissant d’une main son écharpe, il lui adressa un sourire en signe de remerciement, et remit l’étole noire autour de son cou avant de lui répondre.

« Tout à fait, au lycée de Forks. » déclara t’il, les yeux rieurs. « Et toi ? » demanda t’il en penchant la tête sur le côté, tel un chiot « Tu es au lycée de Forks ? »

Se reprenant, il se remit normalement, et se dit qu’il passait pour quelqu’un de très enfantin et de gamin. Son immaturité lui avait valu quelques tracas dans son pays d’adoption, et donc, revenu au bercail pluvieux, il s’était promis de cesser ses enfantillages. Cependant, en cette soirée de décembre, il ressentait le besoin de se vider l’esprit, et de laisser ses manières puériles reprendre le dessus.

« Est-ce que ça va ? »

La jeune fille sembla reprendre conscience de ce qu’elle faisait, et s’écarta brutalement de Maxxie. Comme toujours, ce dernier avait les joues rosies, dévoilant ainsi sa gêne aux yeux des autres personnes. Par moment, il aurait aimé être moins transparent, ne pas laisser passer ses émotions aussi facilement, risquant de se faire avoir à tout moment par des âmes peu sympathiques, qui n’hésiteraient pas à utiliser ses émotions contre lui. Mais voilà, il était comme ça depuis tout petit, et ce n’est pas avec sa simple volonté qu’il changerait.

Le silence s’était installé entre les deux jeunes personnes, pesant après ce moment peu commun. Milla, au bout de quelques minutes, brisa le silence avec sa voix veloutée, s’excusant de s’être emportée. L’adolescent haussa vaguement les épaules, acceptant les excuses. Ses yeux, qui jusqu’alors étaient vrillés sur le sol, revinrent à hauteur du visage de la jolie blonde, mais se posèrent sur du vide. Stupéfait, Maxxie balaya les environs de ses iris grises, et découvrit la jeune fille qui partait en courant.

Mû par une envie inconsciente, il se mit à courir après elle, la hélant de s’arrêter. Bien que celle-ci fut assez loin de lui, il eut l’impression qu’elle ralentissait. La voyant se stopper, il accéléra l’allure et se retrouva à ses côtés. Les joues rouges par la course dans l’air glacial de novembre, un voile de vapeur sortant de sa bouche, il jeta un œil à la jeune fille. Conscient qu’il lui avait couru après sans aucune raison particulière, il fallait qu’il trouve quelque chose à dire avant que celle-ci ne l’interroge. Après un réel effort de son cerveau engourdi par le froid, il déclara.

« Soyons amis. »

A peine cette phrase s’échappa de ses lèvres qu’il se rendit compte de sa stupidité. Un topo rapide : il rencontre une fille après lui avoir jeté une pierre sur la gueule, ils échangent des politesses d’usages, elle le serre dans ses bras et s’enfuit en courant et il lui court après. On peut dire que c’était une rencontre peu commune. Et de là à demander à être amis après ses péripéties…

En même temps, peut-être que c’était réellement ce dont il avait besoin, d’un ami. Quelqu’un avec qui parler, qu’ils puissent échanger des anecdotes sans être jugés, se confier et se réconforter… Il jouait beaucoup en ce moment même, et peut-être que la jeune fille lui rigolerait au nez, déclarant qu’elle ne devenait pas amie avec n’importe qui. Mais après tout, qui ne tente rien n’a rien, pensa t’il.

» Sur le parking [PV Maxxie]